Le Message Originel de l’Islâm – partie 5

Par Farid Gabteni

 

بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ

رَبِّ اشْرَحْ لِي صَدْرِي وَيَسِّرْ لِي أَمْرِي وَاحْلُلْ عُقْدَةً مِنْ لِسَانِي يَفْقَهُوا قَوْلِي؛

رَبِّ أَدْخِلْنِي مُدْخَلَ صِدْقٍ وَأَخْرِجْنِي مُخْرَجَ صِدْقٍ وَاجْعَلْ لِي مِنْ لَدُنْكَ سُلْطَانًا نَصِيرًا

 

Au Nom de Dieu L’Origine L’Arrangeant
Dieu Mon Maître ! Soulage pour moi ma poitrine et Facilite pour moi mon ordonnance, et Dénoue un nœud de ma langue qu’ils comprennent mon dire.
Dieu Mon Maître ! Fais-moi Accéder à une accession crédible, et Fais-moi Émerger à une émergence crédible ; et Forme pour moi, de Ta Part, une autorité secoureuse.

 

Aujourd’hui, je vais clore ma présentation du Message originel de l´Islâm par ce cinquième et dernier cycle de conférences.
Les “hérétiques” tronquent l’Islâm, la religion de l’unicité, de la connaissance, de la liberté de conscience, du libre arbitre, de la tolérance, de la pacification et de la Paix, pour en faire des idéologies obscurantistes, rétrogrades, haineuses et violentes. Pourtant, même pour s’adresser à un tyran tel que pharaon, Dieu Ordonna à Moïse et à son frère, comme nous pouvons le lire au verset 44 du chapitre 20 :
فَقُولَا لَهُ قَوْلًا لَيِّنًا لَعَلَّهُ يَتَذَكَّرُ أَوْ يَخْشَى
« Alors dites pour lui un dire doucet, peut-être se remémorera-t-il ! Ou appréhendera-t-il ! »
Ce verset, comme beaucoup d’autres semblables, constitue, pour le musulman, un exemple comportemental à suivre.
De même, si de nos jours l’entrée des mosquées est généralement interdite aux non-musulmans, le Prophète Mohammed, lui, recevait les juifs et les chrétiens, parmi d’autres, à la mosquée.
Le mot mosquée vient de l’espagnol “mezquita”, d’après la prononciation de l’arabe masjid”, de la racine S-J-D (س ج د) qui donne en premier le mot سجد / “se prosterner”. En langue arabe, al-masjid (المسجد) désigne la “situation, l’endroit où l’on se prosterne”. Je le traduis donc régulièrement par prosternat.
Un exposé commence par une introduction, se poursuit par un développement et se termine par une conclusion. C’est le cas du Qorân, il commence avec “L’Ouvrante” (Al-Fâtiḥah / الفاتحة), chapitre 1 ; il développe à partir de “La Vache” (Al-Baqarah / البقرة), chapitre 2, jusqu’à la fin du livre ; il conclut avec des chapitres datant majoritairement du début de la Révélation. Cela pour signaler l’importance à accorder à l’origine.
On fait commencer le calendrier musulman le 1er muḥarram (15 ou 16 juillet 622), à partir de l’émigration (al-hijrah) du Prophète, de La Mecque à Médine. Contrairement à ce qui a été institué après le Prophète, ce n’est pas son émigration à Médine (l’Hégire, 622) qui marque le début du calendrier musulman ; celui-ci peut être inféré du Qorân (chapitre 97), il débute avec la révélation qoranique, en 610 (chapitre 96).
L’Islâm originel couvre l’ensemble de la Révélation (610632), quand le traditionalisme idéologique aime à privilégier et à s’ancrer dans le calendrier hégirien. Tous les historiens musulmans, traditionalistes compris, rapportent que le calendrier hégirien a bien été adopté après le Prophète. Le Qorân, lui, fait prévaloir la date de la Révélation, comme on peut le lire au verset 3 du chapitre 97 :
لَيْلَةُ الْقَدْرِ خَيْرٌ مِنْ أَلْفِ شَهْرٍ
« La nuit de la mesure est meilleure que mille mois »
Le bon sens veut qu’un calendrier soit tenu à partir d’un évènement initial ; il est évident que l’Islâm n’a pas commencé avec l’hégire, mais avec la révélation qoranique.
L’adoption, après le Prophète, du calendrier hégirien a des répercussions sentencieuses d’ordre politique, théologique et jurisprudentiel. Insinuamment, elle a permis et permet encore aux traditionalistes de faussement étayer leurs idéologies, privilégiant exégétiquement la période médinoise sur et au détriment de la période mecquoise. Le Qorân énonce dans le verset 85 du chapitre 2 :
أَفَتُؤْمِنُونَ بِبَعْضِ الْكِتَابِ وَتَكْفُرُونَ بِبَعْضٍ
« (…) est-ce qu’alors vous assurez (croyez) par une partie, de l’Écrit, et vous dénigrez par une partie ? (…) »
Après la mort du Prophète en 632, et la grande subversion de 656-680 (première discorde et guerre civile des musulmans), depuis des siècles, les causes premières de l’étiolement et de la division de la communauté musulmane en factions proviennent de conflits purement politiques et du crédit considérable que celles-ci accordent aux recueils de traditions relatifs aux anciens et aux dires, faits et gestes du Prophète :
  • le salaf / السلف ; le mot “salaf” signifie “précédent” et désigne par extension les docteurs musulmans des premiers siècles,
  • le ḥadîth/  الحديث ; le mot ḥadîth signifie “énoncé” et désigne par extension ce que le Prophète aurait dit. Les ḥadîths sont très nombreux et remplissent plusieurs volumes,
  • et la sunnah/  السنّة ; le mot sunnah, ou sîrah, signifie “mode”, “conduite” et désigne par extension la tradition : ce qui est rapporté de la conduite et des faits et gestes du Prophète.
En effet, chaque courant comprend le Qorân et l’Islâm selon ce qu’il retient de ces recueils, ce qui donne lieu à des interprétations, théologiques et jurisprudentielles, et en fait sociopolitiques, souvent contradictoires. Les historiens, toutes disciplines confondues, débattent encore aujourd’hui de la validité historique de ces traditions, y compris les traditionnistes (al-muḥaddithûn, les spécialistes des dires attribués au Prophète). Malgré cela, chez beaucoup de musulmans, ces traditions prennent le pas sur le Qorân, devenant la source de ce qui les divise.
L’analyse scientifique de l’ensemble de ces recueils de traditions, datables de 150 à 255 ans après la mort du Prophète, nous apprend que ceux-ci n’offrent aucune garantie concrète de l’authenticité, de l’exactitude et encore moins de la précision des propos qu’ils rapportent. Constitués à partir de diverses chaînes de transmission orale, ils n’ont qu’une approche approximative des faits historiques.
De quelques centaines de propos au départ (environ 700 au plus), ils se sont multipliés en moins d’un siècle pour devenir des milliers.
La narratologie, elle, nous démontre que les plus anciens de ces récits ont commencé à voir le jour à la fin du VIIe et au début du VIIIe siècle (postérieurs à 680), ce qui coïncide avec la fin de la guerre civile. C’est à cette époque qu’apparaissent les divers courants de pensée politiques, théologiques et jurisprudentiels, qui sont à la base de toutes les traditions chez les musulmans.
Ces recueils de traditions sont donc conséquents à une multitude d’événements et circonstances vécus par les musulmans après la mort du Prophète, et représentent des conceptions idéologiques, politiques et sociologiques en rapport avec leurs époques.
Les dévoyés et les adversaires de l’Islâm profitent de ces recueils au contenu incertain et les accréditent pour y puiser ce qui sert leurs desseins ; et c’est ainsi qu’ils déforment et dénaturent l’Islâm. En effet, certains récits dans ces recueils interprètent le Qorân grossièrement, voire à l’encontre du sens littéral et allégorique de ses versets, et attribuent au Prophète des prises de position, des comportements et des actes totalement opposés à son caractère et au message de l’Islâm.
Les obscurantistes, les criminels et les islamophobes font croire aux ignares que l’Islâm est synonyme de haine et de violence. Cela sert leurs discours incendiaires et mesquins, et suscite l’inimitié et la discorde, encourageant ainsi à une guerre des civilisations. Si nous n’y prenons garde, c’est le chaos qui nous attend.
On peut lire au verset 90 du chapitre 16 :
إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُ بِالْعَدْلِ وَالْإِحْسَانِ وَإِيتَاءِ ذِي الْقُرْبَى وَيَنْهَى عَنِ الْفَحْشَاءِ وَالْمُنْكَرِ وَالْبَغْيِ يَعِظُكُمْ لَعَلَّكُمْ تَذَكَّرُونَ
« Certes Dieu Ordonne par l’égalité et l’excellence et le rapport aux proches, et Il Réprime de sur la turpitude et le méconnaissable et la brigue ; Il vous Exhorte ; peut-être vous remémorerez-vous ! »
Puis au verset 105 du chapitre 3 :
وَلَا تَكُونُوا كَالَّذِينَ تَفَرَّقُوا وَاخْتَلَفُوا مِنْ بَعْدِ مَا جَاءَهُمُ الْبَيِّنَاتُ وَأُولَئِكَ لَهُمْ عَذَابٌ عَظِيمٌ
« Et ne soyez comme ceux qui se sont discernés et ont divergé d’après que leur soient venues les explicites ; et ceux-là ont un tourment immense »
Et dans les versets 31 et 32 du chapitre 30 :
وَلَا تَكُونُوا مِنَ الْمُشْرِكِينَ (٣١) مِنَ الَّذِينَ فَرَّقُوا دِينَهُمْ وَكَانُوا شِيَعًا كُلُّ حِزْبٍ بِمَا لَدَيْهِمْ فَرِحُونَ (٣٢)
« (…) et ne soyez des associants 31 De ceux qui ont discerné leur créance (religion) et étaient propagandeurs, toute coalition, par ce qui est devers eux, contents 32 »
Pourtant beaucoup se sont retranchés en de multiples factions, s’excommuniant mutuellement, délaissant le message originel et universel de l’Islâm, interprétant le Qorân sans boire à sa source, parce qu’ils en ont perdu et oublié le cœur, au profit de traditions incertaines, discutées et discutables.
Et le Qorân en témoigne au verset 8 du chapitre 22 :
وَمِنَ النَّاسِ مَنْ يُجَادِلُ فِي اللَّهِ بِغَيْرِ عِلْمٍ وَلَا هُدًى وَلَا كِتَابٍ مُنِيرٍ
« Et des gens qui disputent en Dieu par différent de savoir et ni guidance et ni écrit illuminant »
Consternant est l’exemple de celui qui écoute mais n’entend rien, qui apprend mais ne comprend rien, qui croit savoir mais ne sait rien, qui bricole mais ne s’applique en rien ; en fin de compte il ne sert à rien sinon à faire le malin… toute une vie sans science ni conscience dans le train-train quotidien. Cela peut faire rire, mais c’est triste quand même.
Je suis musulman, je témoigne qu’il n’y a de dieu que Dieu, Unique, sans associé. Et je témoigne que Mohammed est Son Serviteur et Son Envoyé, à savoir que la Créance, la religion, chez Dieu est la Pacification, l’Islâm, la soumission à Dieu en paix. Je ne témoigne pas qu’Abû Bakr, ΣOmar, ΣOthmâne ou ΣAlî  – les quatre premiers califes qui se succédèrent après la mort du Prophète – sont messagers de Dieu. Ils ne sont que des musulmans proches du Prophète, qui ont eu raison et tort, et qui ne peuvent être irréprochables par essence. Seul Dieu Est Parfait et Absolu. Je ne me réclame d’aucune école théologique ou jurisprudentielle en particulier, cela ne m’empêche pas de sentir profondément comme étant de mon devoir de défendre, en dépit de ses diversités, la communauté musulmane, dont je fais partie. Et je refuse de toutes mes forces qu’on la divise encore davantage. Je me positionne contre les excommunicateurs et les scissionnistes, quels qu’ils soient. Dieu n’aime ni l’agression ni les agresseurs. Il Est Le Témoin et Il Est Le Juge ; et nul ne peut prétendre détenir le paradis ou l’enfer, sauf Lui.
Pour le croyant, Dieu Lui-même Est la Vérité, La Souveraine, Suprême Vérité ; La Vérité Ineffable. Autre que Lui, personne ne possède la Vérité Absolue, chacun sa vérité ; pour dire qu’il y a autant de points de vue sur la vérité qu’il y a d’opinions. Néanmoins, selon le philosophe Maurice Blondel : La vérité ne vaut jamais que par l’unité totale de son expression, tandis que les objections et les hérésies ont toujours la facilité de s’attaquer au détail. La vérité est la connaissance reconnue comme juste, comme conforme à son objet et possédant à ce titre une valeur universelle, absolue, ultime ; la norme, le principe de rectitude, de sagesse, considérés universellement comme un idéal dans l’ordre de la pensée et/ou de l’action.
Certaines doctrines politico-théologiques et jurisprudentielles, héritées de l’histoire des musulmans, ultérieures au Prophète, sont contraires à l’esprit même de l’Islâm originel. Et pourtant, malheureusement, beaucoup les proclament encore aujourd’hui comme des vérités immuables et éternelles. Ce ne sont plus, en priorité, le message originel de l’Islâm et ses valeurs universelles que l’on enseigne, occultés ou oubliés, mais des doctrines ritualistes d’un autre âge, avec des perspectives d’avenir au passé ! Ce n’est pas l’Islâm qui a besoin de réformes, c’est le traditionalisme qui doit être amendé et désacralisé. On enseigne des mémentos de traditions, en lieu et place de la religion de ceux mentionnés dans le verset 191 du chapitre 3 :
الَّذِينَ يَذْكُرُونَ اللَّهَ قِيَامًا وَقُعُودًا وَعَلَى جُنُوبِهِمْ وَيَتَفَكَّرُونَ فِي خَلْقِ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ…”
« Ceux qui remémorent Dieu, dressés (debout) et fondés (assis) et sur leurs côtés (étendus), et réfléchissent en la création des cieux et de la terre (…) »
Les institutions religieuses actuelles perpétuent, encouragent et propagent le traditionalisme idéologique, le ritualisme et le conformisme ; elles n’ont pas pour priorité de faire prévaloir le message originel de l’Islâm énoncé et véhiculé dans le Qorân du vivant et par le Prophète, sur le traditionalisme inauguré après lui et institué comme religion depuis lors. Il est temps que les musulmans fassent cette distinction, retrouvent le sens originel de l’Islâm et se réforment en conséquence.
L’Islâm originel, du vivant du Prophète, énoncé et expliqué dans le Qorân, doit être la référence principale de tout musulman digne de ce titre. Cet Islâm-là est synonyme de Science, de Connaissance, de Tolérance et de Progrès. Le traditionalisme, lui, est synonyme de passé figé dans l’histoire, révolu et non reproductible ; l’Histoire avance et ne recule pas, quoi que l’on fasse, c’est la Loi de Dieu. De plus, l’idéologisme traditionaliste est vecteur, par excès et par défaut, de stagnation intellectuelle, de superstition, de fétichisme, de dogmatisme, d’uniformisme, d’ignorantisme et d’obscurantisme ; bien des maux à éviter.
Sans vraiment tenir compte du message originel de l’Islâm, encore moins des données historiques et sociologiques ou des faits circonstanciels d’époque, de lieu, de cause et de but, les traditionalistes ressassent le ḥadîth, ce qu’aurait dit le Prophète, pour légitimer leurs idéologies et leurs interprétations du Qorân. Pourtant, Dieu dit, aux versets 3 et 4 du chapitre 53 :
وَمَا يَنْطِقُ عَنِ الْهَوَى (٣) إِنْ هُوَ إِلَّا وَحْيٌ يُوحَى (٤)
« Et il n’allocutionne de sur le penchant 3 Ce n’est que révélation qui est Révélée 4 ».
On constate par ces versets que l’on ne peut certifier comme allocution du Prophète que ce qui lui a été révélé par Dieu, à savoir le Qorân. En effet l’injonction de Dieu “Dis !” est répétée 332 fois dans le Qorân. Dans la majorité des cas, cette injonction est adressée au Prophète. Et cette injonction divine, autant de fois réitérée, est inhérente à la transmission continue du message bien entendu. Ce qu’a dit le Prophète de manière certaine, c’est ce que Dieu lui a ordonné de dire par révélation, dans le Qorân. Nous le lisons clairement au verset 6 du chapitre 45 :
تِلْكَ آيَاتُ اللَّهِ نَتْلُوهَا عَلَيْكَ بِالْحَقِّ فَبِأَيِّ حَدِيثٍ بَعْدَ اللَّهِ وَآيَاتِهِ يُؤْمِنُونَ
« Tels les Signes (Versets) de Dieu, Nous les Relatons sur toi par le vrai, alors par quel énoncé (ḥadîthin) après Dieu et Ses Signes (Versets) ils assurent (croient) ? »
Quant à la sunnah, la tradition, mode des faits et gestes du Prophète, on la trouve aussi, et plus authentiquement, dans le Qorân. Il y est qualifié d’humain de grande créativité, de moralité ; on y trouve relaté ce qu’il doit dire ou faire, comment il doit communiquer le Qorân, agir face aux situations qui se présentent à lui… Le Qorân précise même comment il doit se tenir, se comporter avec sa famille, son fils adoptif, les croyants et tous les humains en général, y compris comment se marier ou divorcer. Le mot “sunnah“, mode, est cité 16 fois dans le Qorân (14 fois au singulier et 2 fois au pluriel), en référence à Dieu ou aux anciens avant le Prophète, pas une seule fois en lien avec Mohammed lui-même. Rappelons que quand un ḥadîth, une sunnah ou sîrah sont avérés scientifiquement, ils doivent être considérés circonstanciellement.
Les fanatiques pseudo-religieux s’inspirent du traditionalisme conséquent à l’histoire des musulmans et non à l’Islâm lui-même. Nous devons donc agir pour informer et enseigner l’Islâm originel (du vivant du Prophète) et le distinguer de l’islam traditionaliste (postérieur à la mort du Prophète) tramé, constitué et institué par des circonstances politico-théologiques, sociologiques et historiques, amalgamées avec le message originel de l’Islâm (Savoir, Foi, Bienfaisance, Tolérance et Pacification).
L’Islâm originel est la Créance, la religion de Dieu, il est énoncé dans le Qorân. Le traditionalisme idéologique, lui, est conséquent à l’histoire des musulmans après le Prophète, de ce fait, il ne peut être considéré comme faisant partie du canon de la religion. Dans les circonstances graves et alarmantes que traverse notre société moderne, je me permets de penser qu’il est du devoir de tout un chacun d’encourager, soutenir et promouvoir les travaux et ouvrages scientifiques relatifs à l’Islâm originel. En effet, celui-ci, par ceux-là, est le plus à même de contrer, neutraliser et annihiler, efficacement et durablement, l’ultra-traditionalisme idéologique, vecteur de tant de méfaits et de malheurs. Les outrecuidants sont bruyants ; il n’empêche que quand vous exposez scientifiquement, expertement et avec maîtrise un sujet, ils sont alors décontenancés et n’ont de réplique autre que l’exposé de leur insuffisance.
Référons-nous donc au Livre de Dieu, pour tous les musulmans. Il est un verset incontournable, dont il faut absolument tenir compte pour une meilleure approche du Qorân ; il s’agit du verset 7 du chapitre 3 :
هُوَ الَّذِي أَنْزَلَ عَلَيْكَ الْكِتَابَ مِنْهُ آيَاتٌ مُحْكَمَاتٌ هُنَّ أُمُّ الْكِتَابِ وَأُخَرُ مُتَشَابِهَاتٌ فَأَمَّا الَّذِينَ فِي قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ابْتِغَاءَ الْفِتْنَةِ وَابْتِغَاءَ تَأْوِيلِهِ وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلَّا اللَّهُ وَالرَّاسِخُونَ فِي الْعِلْمِ يَقُولُونَ آمَنَّا بِهِ كُلٌّ مِنْ عِنْدِ رَبِّنَا وَمَا يَذَّكَّرُ إِلَّا أُولُو الْأَلْبَابِ
« Il Est Celui Qui a fait Descendre sur toi l’Écrit, duquel des signes (versets) Adjugés (décisifs), eux sont la mère de l’Écrit, et d’autres plurivoques ; alors quant à ceux qui en leurs cœurs ont une déviance, alors ils suivent ce qui s’est équivoqué de lui, briguant la subversion et briguant sa primexplication ; et ne Sait sa primexplication que Dieu et les ancrés en le savoir disent : “Nous avons assuré (cru) par lui, tout est de Chez Notre Maître” ; et ne se remémorent que les primés des quintessences »
Ce verset, loin d’être anodin, est clair et précis, surtout pour le savant qui étudie l’ensemble du corpus. L’attention est attirée pour deux niveaux d’analyse, tout aussi importants l’un que l’autre, phrastique et transphrastique, du Qorân. Le premier concerne le fond même du Livre, immuable et intemporel, il est à la base du message originel de l’Islâm. Le deuxième concerne sa forme d’application, qui peut impliquer plusieurs significations, circonstancielles d’époque, de lieu, de cause et de but.
Parfois, nos certitudes ont besoin d’être réexaminées, réévaluées, voire réformées, pour retrouver le véritable sens d’une Cause. Exemple, le Qorân mentionne la loi du talion relativement aux anciens, constitués alors en sociétés primitives ; cela étant, il fait prévaloir le narratif (faculté de narrer et d’agir en conséquence) chez les primés des quintessences, ceux qui appréhendent l’essentiel. Le niveau de connaissance atteint dans nos sociétés modernes ne nous autorise plus à agir par instinct et esprit de vengeance, mais plutôt par une prévention et une justice civilisatrices. Nous lisons au verset 179 du chapitre 2 :
وَلَكُمْ فِي الْقِصَاصِ حَيَاةٌ يَا أُولِي الْأَلْبَابِ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ
« Et pour vous en le narratif une vie, ô primés des quintessences ; peut-être vous prémunirez-vous ! »
Tant que tu ne vides pas ton cœur de la rage et de la haine, tu ne pourras pas le remplir de l’Amour de Dieu et le propager en Sa Création.
Autre exemple, hors du traditionalisme, y a-t-il dans le Qorân un énoncé qui fait obligation aux musulmans de sacrifier des animaux, quelle que soit la circonstance ? Évidemment que non. Le mot “offrande” / hadyu” / هدي , peut revêtir plusieurs significations, circonstancielles d’époque, de lieu, de cause et de but. C’est ce terme qui est utilisé dans le Qorân pour le pèlerinage, tandis que le mot “égorgement” / dhabḥ / ذبح est employé pour le sacrifice d’Abrahâm ; la dissemblance est linguistiquement significative et loin d’être fortuite. Entre égorger un animal et offrir un présent, la nuance peut être de taille. Conséquemment à ce que je viens d’exposer, le massacre annuel de millions de bêtes à l’Aïd/Tabaski est-il compatible, conciliable et cohérent avec l’Islâm originel ? Voilà une question fondamentale à méditer pour quiconque craint Dieu et Y croit.
Pour rappel, la tradition rapporte que le Prophète a sacrifié, à son pèlerinage, soit dans une circonstance très précise, pour toute sa communauté. Son geste équivaut à tous les sacrifices d’animaux perpétués depuis lors et jusqu’à la fin des temps. Donc, le jour de l’Aïd, tout musulman peut s’acquitter par une offrande, al-hadyu, quelle qu’en soit la nature ; sans recourir obligatoirement à un égorgement. Et le Qorân en témoigne au verset 37 du chapitre 22 :
لَنْ يَنَالَ اللَّهَ لُحُومُهَا وَلَا دِمَاؤُهَا وَلَكِنْ يَنَالُهُ التَّقْوَى مِنْكُمْ كَذَلِكَ سَخَّرَهَا لَكُمْ لِتُكَبِّرُوا اللَّهَ عَلَى مَا هَدَاكُمْ وَبَشِّرِ الْمُحْسِنِينَ
« N’aboutiront à Dieu leurs chairs et ni leurs sangs, mais de vous Lui aboutit la prémunition, comme cela Il l’a Assujettie pour vous, pour que vous magnifiiez Dieu sur ce qu’Il vous a Guidés ; et éjouis les excellents »
Et dans le verset 38 du chapitre 6, nous lisons :
وَمَا مِنْ دَابَّةٍ فِي الْأَرْضِ وَلَا طَائِرٍ يَطِيرُ بِجَنَاحَيْهِ إِلَّا أُمَمٌ أَمْثَالُكُمْ 
« Et il n’y a d’animé (animal) en la terre et ni volant (volatile) qui vole par ses ailes que, des nations, vos exemples (…) »
Le musulman véritable ne peut déconsidérer, maltraiter, avilir et aveulir un quelconque animal ou le tuer sans raison valable, encore moins pour le plaisir. Même pour se nourrir, il ne peut tuer banalement un animal, il doit considérer son acte par le Nom de Dieu comme une opération sacrificielle ; c’est-à-dire exceptionnelle et en craignant Dieu, Le Vivificateur du souffle de toute vie. Je dis cela, avec en tête, le verset 23 du chapitre 39 :
اللَّهُ نَزَّلَ أَحْسَنَ الْحَدِيثِ كِتَابًا مُتَشَابِهًا مَثَانِيَ تَقْشَعِرُّ مِنْهُ جُلُودُ الَّذِينَ يَخْشَوْنَ رَبَّهُمْ ثُمَّ تَلِينُ جُلُودُهُمْ وَقُلُوبُهُمْ إِلَى ذِكْرِ اللَّهِ ذَلِكَ هُدَى اللَّهِ يَهْدِي بِهِ مَنْ يَشَاءُ وَمَنْ يُضْلِلِ اللَّهُ فَمَا لَهُ مِنْ هَادٍ
« Dieu a fait Descendre le plus-excellent énoncé, un Écrit plurivoque dédoublé, duquel s’hérissent les peaux de ceux qui appréhendent Leur Maître, puis s’adoucissent leurs peaux et leurs cœurs vers la Remémoration de Dieu ; cela est la Guidance de Dieu, Il Guide par lui quiconque Il Dispose ; et quiconque Dieu Égare, alors il n’y a pour lui de guidant » 
L’Islâm prêche la mesure et la modération en toute chose et pour chaque chose, loin de l’extrémisme et des extrêmes. Vestimentairement, par exemple, le Qorân résume, dans le verset 26 du chapitre 7 :
وَلِبَاسُ التَّقْوَى ذَلِكَ خَيْرٌ ذَلِكَ مِنْ آيَاتِ اللَّهِ لَعَلَّهُمْ يَذَّكَّرُونَ
« (…) et la vêture de la prémunition, cela est meilleur, cela est des Signes de Dieu ; peut-être se remémoreront-ils ! »
Couvrir sa tête, porter la barbe, le qamis/daffah, le boubou ou la djellaba, le voile, le niqab, la burka ou le tchador ; tout cela résulte du traditionalisme et n’a rien à voir avec l’Islâm originel en tant que religion. Bien au contraire, toutes ces manifestations nuisent aujourd’hui à l’image de l’Islâm et des musulmans, majoritairement dans les pays non musulmans ; elles sont synonymes d’obscurantisme, de sectarisme, de provocation et d’agression. Pour le musulman savant, responsable et conscient de l’Islâm véritable, il est insoutenable de le voir ainsi dénaturé et réduit à ces ostentations. L’Islâm des lumières, à l’origine de l’éclosion des sciences modernes, est travesti par le traditionalisme idéologique en religion ritualiste, passéiste et rétrograde. Les musulmans doivent s’éveiller à l’Islâm originel, l’Islâm de la science et du progrès ; ils doivent aussi se préserver et préserver leur religion de tout préjugé dommageable.
L’adoration de Dieu ne se concrétise ni par des accoutrements ostentatoires ni par un ritualisme incantatoire ; encore moins par des mimiques illusoires, des paroles sans savoir et des sacrifices dérisoires. Elle se cristallise dans la juste décision suivie de la bonne action. Adorer et servir Dieu, c’est aimer et servir Sa Création, c’est réfléchir et agir bien, c’est être utile et non pas futile. Être musulman, croyant et pratiquant, c’est être savant, pacifié et pacifiant, assuré, assurant et rassurant, bon, bienveillant et bienfaisant ; c’est vivre et mourir paisiblement.
On peut lire dans le verset 143 du chapitre 2 :
وَكَذَلِكَ جَعَلْنَاكُمْ أُمَّةً وَسَطًا لِتَكُونُوا شُهَدَاءَ عَلَى النَّاسِ وَيَكُونَ الرَّسُولُ عَلَيْكُمْ شَهِيدًا
« Et comme cela Nous vous avons Formés nation moyenne pour que vous soyez témoins sur les gens, et que l’envoyé soit témoin sur vous (…) »
Puis dans le verset 78 du chapitre 22 :
وَجَاهِدُوا فِي اللَّهِ حَقَّ جِهَادِهِ هُوَ اجْتَبَاكُمْ وَمَا جَعَلَ عَلَيْكُمْ فِي الدِّينِ مِنْ حَرَجٍ مِلَّةَ أَبِيكُمْ إِبْرَاهِيمَ هُوَ سَمَّاكُمُ الْمُسْلِمِينَ مِنْ قَبْلُ وَفِي هَذَا لِيَكُونَ الرَّسُولُ شَهِيدًا عَلَيْكُمْ وَتَكُونُوا شُهَدَاءَ عَلَى النَّاسِ
« Et efforcez-vous en Dieu à Son Vrai Efforcement, Lui vous a Recueillis, et Il n’a formé sur vous en la créance (religion) d’embarras ; l’inclination de votre père Abrahâm, lui vous a nommés “les pacifiés (musulmans)” auparavant ; et en ceci, pour que l’envoyé soit témoin sur vous et que vous soyez témoins sur les gens (…) »
Et dans le verset 185 du chapitre 2 :
يُرِيدُ اللَّهُ بِكُمُ الْيُسْرَ وَلَا يُرِيدُ بِكُمُ الْعُسْرَ
« (…) Dieu Veut par vous la facilité et ne veut par vous la difficulté (…) »
Le musulman est celui qui a un engagement avec Dieu, pour croire en Lui, pour L’adorer par l’Islâm, qui hisse l’âme, en toute pureté, pour agir avec bonté, pour accomplir la bienfaisance, pour recommander le convenable et réprouver le condamnable, pour appeler les humains à Dieu, à l’humanisme, à la réforme et à l’équité. Il a un bénéfice dans ce monde et le meilleur auprès de Dieu. En vérité, la meilleure provision est la piété. Celui qui se lève avec Dieu, qui boit et qui mange avec Dieu, qui travaille et qui se repose avec Dieu, qui dort et qui rêve avec Dieu, qui pense, qui parle et agit avec Dieu, qui est pauvre et qui est riche avec Dieu, qui est en bonne santé et qui est malade avec Dieu, qui est jeune et qui est vieux avec Dieu, qui vit et qui meurt, avec Dieu sur les lèvres et dans le cœur ; celui-là a ce monde et l’au-delà ; celui-là se lève, boit et mange, travaille et se repose, dort et rêve, pense, parle et agit, vit et meurt en paix. En paix avec lui-même, avec les humains, les êtres et les choses ; en conséquence, en paix avec Dieu, Le Suprêmement-Bon. Voilà les justes.
Les musulmans doivent revenir au message originel de l’Islâm, celui d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Ils doivent se reconstruire en une communauté de juste milieu, la communauté de “Iqra, de “Lie et Lis” par le Savoir de Dieu.
Ils doivent en premier lieu sortir de la torpeur et de la peur qui les accablent, et dénoncer énergiquement tout ce et tous ceux qui, par la haine et la violence, difforment leur religion. Il leur incombe de s’éveiller et de réhabiliter l’Islâm originel aux yeux du monde ; l’Islâm des lumières, de la science et du progrès, celui de la paix, de la liberté de conscience et de la tolérance. Et pratiquer assidûment la bienveillance et la bienfaisance : la foi en Dieu est indissociable de la bonne et belle œuvre, simultanément, l’une avec l’autre. Sachez aimer vos prochains, soyez bons avec vos voisins, nourrissez ceux qui ont faim, recueillez les orphelins ; voilà ce qui est bien, qui est juste et n’est pas vain.
Le verset 110 du chapitre 3 témoigne :
كُنْتُمْ خَيْرَ أُمَّةٍ أُخْرِجَتْ لِلنَّاسِ تَأْمُرُونَ بِالْمَعْرُوفِ وَتَنْهَوْنَ عَنِ الْمُنْكَرِ وَتُؤْمِنُونَ بِاللَّهِ وَلَوْ آمَنَ أَهْلُ الْكِتَابِ لَكَانَ خَيْرًا لَهُمْ مِنْهُمُ الْمُؤْمِنُونَ وَأَكْثَرُهُمُ الْفَاسِقُونَ
« Vous étiez meilleure nation, Sortie pour les gens : vous ordonnez par le convenable et réprimez de sur le méconnaissable et vous assurez (croyez) par Dieu. Et si les familiers de l’Écrit avaient assuré (cru), assurément ç’aurait été meilleur pour eux ; d’eux, les assurants (croyants), et la plupart d’eux, les pervers »
De même que les versets 1 à 3 du chapitre 103 :
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ وَالْعَصْرِ (١) إِنَّ الْإِنْسَانَ لَفِي خُسْرٍ (٢) إِلَّا الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَتَوَاصَوْا بِالْحَقِّ وَتَوَاصَوْا بِالصَّبْرِ (٣)
« Au Nom de Dieu L’Origine L’Arrangeant. Et l’époque ! 1 Certes l’humain est assurément en perdition 2 Sauf ceux qui ont assuré (cru) et œuvré les réformes, et se sont recommandés par Le Vrai et se sont recommandés par la patience 3 »
L’humain, avec toutes ses connaissances, éprouve le besoin de nourrir son âme, sa quête spirituelle exige des réponses. Or la vague des sectes d’inspiration judéo-chrétienne ou extrême-orientale, dérivées du Bouddhisme ou de l’Hindouisme, a reflué. On a bien tenté de spiritualiser le matérialisme et inversement, mais le résultat n’a pas fait recette. Ce sera aussi le cas du sectarisme doctrinal des musulmans dévoyés. Par contre, l’Islâm, avec son message originel, et original, fera redécouvrir à l’humain son humanité et sa raison d’être ; telle est sa vocation universelle.
On peut lire dans les versets 2 et 3 du chapitre 65 :
وَأَقِيمُوا الشَّهَادَةَ لِلَّهِ ذَلِكُمْ يُوعَظُ بِهِ مَنْ كَانَ يُؤْمِنُ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ وَمَنْ يَتَّقِ اللَّهَ يَجْعَلْ لَهُ مَخْرَجًا (٢) وَيَرْزُقْهُ مِنْ حَيْثُ لَا يَحْتَسِبُ وَمَنْ يَتَوَكَّلْ عَلَى اللَّهِ فَهُوَ حَسْبُهُ إِنَّ اللَّهَ بَالِغُ أَمْرِهِ قَدْ جَعَلَ اللَّهُ لِكُلِّ شَيْءٍ قَدْرًا (٣)
« … Et adressez le témoignage pour Dieu ; ce pour vous, exhorte par lui quiconque assurait (croyait) par Dieu et le jour dernier [l’au-delà] ; et quiconque se prémunit de Dieu, Il Forme pour lui une sortie 2 Et Il lui Attribue d’où il ne se calcule, et quiconque mandate sur Dieu, alors Il Est Son Calculateur ; certes Dieu fait Parvenir Son Ordre ; déjà Dieu a Formé pour toute chose une mesure 3 »
Louange à Dieu Maître des mondes.
والحمد لله رب العالمين

 

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