Par Farid Gabteni
بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
رَبِّ اشْرَحْ لِي صَدْرِي وَيَسِّرْ لِي أَمْرِي وَاحْلُلْ عُقْدَةً مِنْ لِسَانِي يَفْقَهُوا قَوْلِي؛
رَبِّ أَدْخِلْنِي مُدْخَلَ صِدْقٍ وَأَخْرِجْنِي مُخْرَجَ صِدْقٍ وَاجْعَلْ لِي مِنْ لَدُنْكَ سُلْطَانًا نَصِيرًا
Au Nom de Dieu L’Origine L’Arrangeant
Dieu Mon Maître ! Soulage pour moi ma poitrine et Facilite pour moi mon ordonnance, et Dénoue un nœud de ma langue qu’ils comprennent mon dire.
Dieu Mon Maître ! Fais-moi Accéder à une accession crédible, et Fais-moi Émerger à une émergence crédible ; et Forme pour moi, de Ta Part, une autorité secoureuse.
Dans ce quatrième cycle de conférences sur ma présentation du Message originel de l´Islâm, je voudrais maintenant, si vous permettez, aborder un sujet, plus que jamais d’actualité, extrêmement important et qui concerne tout le monde ; ce sujet se rapporte à la moitié de l’humanité : la femme et le droit naturel, sacré par Dieu.
Il faut préalablement rappeler que le droit naturel est l’ensemble des droits que chaque individu possède du fait de son appartenance à l’humanité, et non du fait de la société dans laquelle il vit.
Transposant hors contexte des versets qoraniques, circonstanciels d’époque, de lieu, de cause et de but, les traditionalistes prêchent le maintien de la femme sous la tutelle de l’homme.
En se fiant sans discernement à leur discours, trop de musulmans sont malheureusement encore à la traîne pour ce qui concerne le droit des femmes à s’émanciper.
Cela, encore une fois, en plus d’être ridicule, est en contradiction totale avec le Cœur du Qorân et le Message originel de l’Islâm.
Tous les êtres humains, hommes et femmes, naissent et demeurent indispensablement libres et égaux, en dignité et en droits, par Dieu et devant Lui. La lecture analytique de l’ensemble du Qorân ne laisse aucun doute à ce sujet.
Cette parité est déclarée solennellement au verset 35 du chapitre 33 :
“إِنَّ الْمُسْلِمِينَ وَالْمُسْلِمَاتِ وَالْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ وَالْقَانِتِينَ وَالْقَانِتَاتِ وَالصَّادِقِينَ وَالصَّادِقَاتِ وَالصَّابِرِينَ وَالصَّابِرَاتِ وَالْخَاشِعِينَ وَالْخَاشِعَاتِ وَالْمُتَصَدِّقِينَ وَالْمُتَصَدِّقَاتِ وَالصَّائِمِينَ وَالصَّائِمَاتِ وَالْحَافِظِينَ فُرُوجَهُمْ وَالْحَافِظَاتِ وَالذَّاكِرِينَ اللَّهَ كَثِيرًا وَالذَّاكِرَاتِ أَعَدَّ اللَّهُ لَهُمْ مَغْفِرَةً وَأَجْرًا عَظِيمًا“
« Certes les pacifiés (musulmans) et les pacifiées (musulmanes), et les assurants (croyants) et les assurantes (croyantes), et les dévotieux et les dévotieuses, et les [hommes] crédibles et les [femmes] crédibles, et les patients et les patientes, et les révérencieux et les révérencieuses, et les créditants (aumôniers) et les créditantes (aumônières), et les jeûnants et les jeûnantes, et les conservants, leurs évasures (intimités), et les conservantes, et les remémorants, Dieu beaucoup, et les remémorantes ; Dieu a Nombré pour eux un pardon et un salaire immense »
De même, aux versets 71 et 72 du chapitre 9 :
“وَالْمُؤْمِنُونَ وَالْمُؤْمِنَاتُ بَعْضُهُمْ أَوْلِيَاءُ بَعْضٍ يَأْمُرُونَ بِالْمَعْرُوفِ وَيَنْهَوْنَ عَنِ الْمُنْكَرِ وَيُقِيمُونَ الصَّلَاةَ وَيُؤْتُونَ الزَّكَاةَ وَيُطِيعُونَ اللَّهَ وَرَسُولَهُ أُولَئِكَ سَيَرْحَمُهُمُ اللَّهُ إِنَّ اللَّهَ عَزِيزٌ حَكِيمٌ (٧١) وَعَدَ اللَّهُ الْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ جَنَّاتٍ تَجْرِي مِنْ تَحْتِهَا الْأَنْهَارُ خَالِدِينَ فِيهَا وَمَسَاكِنَ طَيِّبَةً فِي جَنَّاتِ عَدْنٍ وَرِضْوَانٌ مِنَ اللَّهِ أَكْبَرُ ذَلِكَ هُوَ الْفَوْزُ الْعَظِيمُ (٧٢)“
« Et les assurants (croyants) et les assurantes (croyantes) sont alliés, leur partie, une partie ; ils ordonnent par le convenable et répriment le méconnaissable (altéré), et ils adressent le jointoiement (prière) et rapportent l’épuratoire (l’impôt-sacré), et ils obéissent à Dieu et Son Envoyé ; ceux-là, Dieu les Arrangera, certes Dieu Est Considérable, Jugeant 71 Dieu a Promis, aux assurants (croyants) et aux assurantes (croyantes), des paradis [desquels] courent de dessous eux les affluents (fleuves), éternels en eux, et de bons habitats en des paradis d’éden, et des Agréments de Dieu plus-grands ; cela est le triomphe immense 72 »
Et en effet, cette parité est toujours d’actualité, y compris dans l’au-delà, auprès de Dieu. Au verset 12 du chapitre 57, nous lisons :
“يَوْمَ تَرَى الْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ يَسْعَى نُورُهُمْ بَيْنَ أَيْدِيهِمْ وَبِأَيْمَانِهِمْ بُشْرَاكُمُ الْيَوْمَ جَنَّاتٌ تَجْرِي مِنْ تَحْتِهَا الْأَنْهَارُ خَالِدِينَ فِيهَا ذَلِكَ هُوَ الْفَوْزُ الْعَظِيمُ“
« Le jour où tu vois les assurants (croyants) et les assurantes (croyantes) : leur lumière se déployant entre leurs mains et par leurs assurances. Votre éjouissance ce jour : des paradis [desquels] courent de dessous eux les affluents (fleuves), éternels en eux ; cela est le triomphe immense »
Ces versets sont éloquents, clairs et décisifs, ils ne laissent place à aucune ambiguïté, et ne souffrent d’aucune équivoque, concernant l’égalité homme-femme.
Tout autre propos tiré du Qorân, qui semblerait opposé aux versets que je viens de citer, est soit une erreur de sens, interprétation erronée, de bonne ou mauvaise foi ; soit circonstanciel d’époque, de lieu, de cause et de but.
Exemple, le verset 228 du chapitre 2, interprété dans le sens de : l’homme, un degré supérieur à la femme ; en fait, face à elle, dans un conflit par exemple, il a un degré de responsabilité subsidiaire :
“وَالْمُطَلَّقَاتُ يَتَرَبَّصْنَ بِأَنْفُسِهِنَّ ثَلَاثَةَ قُرُوءٍ وَلَا يَحِلُّ لَهُنَّ أَنْ يَكْتُمْنَ مَا خَلَقَ اللَّهُ فِي أَرْحَامِهِنَّ إِنْ كُنَّ يُؤْمِنَّ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ وَبُعُولَتُهُنَّ أَحَقُّ بِرَدِّهِنَّ فِي ذَلِكَ إِنْ أَرَادُوا إِصْلَاحًا وَلَهُنَّ مِثْلُ الَّذِي عَلَيْهِنَّ بِالْمَعْرُوفِ وَلِلرِّجَالِ عَلَيْهِنَّ دَرَجَةٌ وَاللَّهُ عَزِيزٌ حَكِيمٌ“
« Et les divorcées pausent (prévoient) par leurs êtres trois cours [du temps], et il n’est point licite pour elles de taire ce que Dieu a Créé en leurs matrices, si elles assuraient (croyaient) par Dieu et le jour dernier [l’au-delà] ; et leurs bastants (hommes-suffisants) sont plus-vrais (prioritaires) par les ramener (pour les convaincre), en cela, s’ils ont voulu une réformation ; et pour elles [droits] semblable à ce qui est sur elles [devoirs], par le convenable, et pour les hommes sur elles un degré [une responsabilité de plus face à elles] ; et Dieu Est Considérable, Jugeant »
Étant clairement énoncé, dans ce verset, que les droits de la femme ne sont pas moindres que ses devoirs, il est évident alors, que le “degré” concernant les hommes est un degré de responsabilité subsidiaire, qu’ils ont vis-à-vis des femmes ; le contexte du verset le manifeste et le prouve.
Autre exemple, le verset 34 du chapitre 4, interprété dans le sens de :
1 – l’homme est le chef de la famille ; en fait, circonstanciellement à l’époque, selon ses capacités sociales et ses moyens financiers.
2 – il a le droit de battre sa femme ; en fait, de l’apaiser sexuellement, après une dispute, et avoir auparavant quitté sa couche et, encore avant, avoir tenté de l’exhorter au calme.
3 – la femme doit obéissance à son mari ; en fait, circonstanciellement, selon les nuances véhiculées dans le contexte, rapporté par le verset.
“الرِّجَالُ قَوَّامُونَ عَلَى النِّسَاءِ بِمَا فَضَّلَ اللَّهُ بَعْضَهُمْ عَلَى بَعْضٍ وَبِمَا أَنْفَقُوا مِنْ أَمْوَالِهِمْ فَالصَّالِحَاتُ قَانِتَاتٌ حَافِظَاتٌ لِلْغَيْبِ بِمَا حَفِظَ اللَّهُ وَاللَّاتِي تَخَافُونَ نُشُوزَهُنَّ فَعِظُوهُنَّ وَاهْجُرُوهُنَّ فِي الْمَضَاجِعِ وَاضْرِبُوهُنَّ فَإِنْ أَطَعْنَكُمْ فَلَا تَبْغُوا عَلَيْهِنَّ سَبِيلًا إِنَّ اللَّهَ كَانَ عَلِيًّا كَبِيرًا“
« Les hommes sont redressants (responsables), sur les femmes, par ce que Dieu a Favorisé une partie d’eux sur une partie, et par ce qu’ils ont dépensé de leurs avoirs (biens) ; alors les réformatrices sont dévouées, conservantes pour l’occulte par ce qu’a Conservé Dieu [leur intimité] ; et celles dont vous avez peur de leur soulèvement, alors exhortez-les, et abandonnez-les en les couches, et appliquez-les [à l’apaisement sexuel], alors si elles vous ont obéi, alors ne briguez sur elles un chemin ; certes Dieu était (Est) Haut, Grand »
“Certes Dieu était (Est) Haut, Grand“, à entendre et comprendre, dans cette conclusion du verset, que Dieu est au-dessus de ces chamailleries de couple.
Autre exemple, l’affirmation de nombre de traditionalistes, selon laquelle le témoignage d’un homme serait équivalent à celui de deux femmes ; ravis d’alléguer un fragment de verset : “si l’une d’elles s’égare (divague), alors l’autre lui rappelle“.
Cette méprise grossière alimente des discutailleries loquaces du genre : “il faut deux femmes pour témoigner, sinon elles vont témoigner comme leur mari ou leur frère ou leur père”.
C’est du pareil au même en France, pendant la première moitié du siècle dernier, au sujet du droit de vote des femmes : “elles vont voter comme leur mari ou leur curé”.
Cette allégation, faite à partir du verset 282 du chapitre 2, qui porte sur la reconnaissance de dette, est une extrapolation plus qu’équivoque, discutée et discutable, y compris jadis par des exégètes et traditionnistes anciens.
“يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِذَا تَدَايَنْتُمْ بِدَيْنٍ إِلَى أَجَلٍ مُسَمًّى فَاكْتُبُوهُ وَلْيَكْتُبْ بَيْنَكُمْ كَاتِبٌ بِالْعَدْلِ وَلَا يَأْبَ كَاتِبٌ أَنْ يَكْتُبَ كَمَا عَلَّمَهُ اللَّهُ فَلْيَكْتُبْ وَلْيُمْلِلِ الَّذِي عَلَيْهِ الْحَقُّ وَلْيَتَّقِ اللَّهَ رَبَّهُ وَلَا يَبْخَسْ مِنْهُ شَيْئًا فَإِنْ كَانَ الَّذِي عَلَيْهِ الْحَقُّ سَفِيهًا أَوْ ضَعِيفًا أَوْ لَا يَسْتَطِيعُ أَنْ يُمِلَّ هُوَ فَلْيُمْلِلْ وَلِيُّهُ بِالْعَدْلِ وَاسْتَشْهِدُوا شَهِيدَيْنِ مِنْ رِجَالِكُمْ فَإِنْ لَمْ يَكُونَا رَجُلَيْنِ فَرَجُلٌ وَامْرَأَتَانِ مِمَّنْ تَرْضَوْنَ مِنَ الشُّهَدَاءِ أَنْ تَضِلَّ إِحْدَاهُمَا فَتُذَكِّرَ إِحْدَاهُمَا الْأُخْرَى وَلَا يَأْبَ الشُّهَدَاءُ إِذَا مَا دُعُوا وَلَا تَسْأَمُوا أَنْ تَكْتُبُوهُ صَغِيرًا أَوْ كَبِيرًا إِلَى أَجَلِهِ ذَلِكُمْ أَقْسَطُ عِنْدَ اللَّهِ وَأَقْوَمُ لِلشَّهَادَةِ وَأَدْنَى أَلَّا تَرْتَابُوا إِلَّا أَنْ تَكُونَ تِجَارَةً حَاضِرَةً تُدِيرُونَهَا بَيْنَكُمْ فَلَيْسَ عَلَيْكُمْ جُنَاحٌ أَلَّا تَكْتُبُوهَا وَأَشْهِدُوا إِذَا تَبَايَعْتُمْ وَلَا يُضَارَّ كَاتِبٌ وَلَا شَهِيدٌ وَإِنْ تَفْعَلُوا فَإِنَّهُ فُسُوقٌ بِكُمْ وَاتَّقُوا اللَّهَ وَيُعَلِّمُكُمُ اللَّهُ وَاللَّهُ بِكُلِّ شَيْءٍ عَلِيمٌ“
« Ô vous qui avez assuré (cru) ! Quand vous vous êtes endettés par une créance, vers une assignation nommée, alors écrivez-la. Et qu’écrive entre vous un scribe par l’égalité. Et que ne s’opiniâtre point un scribe d’écrire comme Dieu lui a fait Savoir. Alors qu’il écrive et que dicte celui sur qui est le droit (le débiteur) et qu’il se prémunisse de Dieu Son Maître ; et qu’il n’en réduise [de la dette] point une chose. Alors, si celui sur qui est le droit (le débiteur) était idiot ou faible (débile) ou ne pouvait point dicter lui-même, alors, que son allié dicte par l’égalité. Et faites témoigner deux témoins de vos hommes. Alors, s’ils ne sont point deux hommes, alors un homme et deux femmes, de ceux que vous agréez des témoins ; si l’une d’elles s’égare (divague), alors l’autre lui rappelle ; et que ne s’opiniâtrent point les témoins quand ils sont invoqués. Et ne vous lassez point de l’écrire [la dette], petite ou grande, vers son assignation. Ce pour vous est plus équitable auprès de Dieu et plus dressé pour le témoignage, et plus-approximatif, que vous n’hésitiez point. Sauf si c’est un commerce présent que vous tournez entre vous, alors nul grief sur vous que vous ne l’écriviez point. Et prenez des témoins quand vous vendez entre vous. Et il n’est nui ni à un scribe et ni à un témoin, et si vous faites, alors certes c’est de la perversion [faite] par vous. Et prémunissez-vous de Dieu, et Dieu vous fait Savoir ; et Dieu par (de) toute chose Est Savant »
Ce qui est mis en exergue par ce verset, c’est la nécessité, à titre préventif, de faire acter, consigner par écrit, bout à bout, les dettes contractées, avec leurs échéances.
Pour éviter toute suspicion, le choix des témoins, lui, est circonstanciel ; il dépend de l’appréciation et de l’agrément des protagonistes.
En plus et au-delà du contexte, circonstanciel d’époque, de lieu, de cause et de but, il ne s’agit en aucun cas, dans ce verset, de la validité du témoignage des femmes, ou des hommes par ailleurs.
La validité du témoignage, de l’un ou de l’autre, femme ou homme, est à égalité ; en témoignent les versets 6 à 9 du chapitre 24 :
“ وَالَّذِينَ يَرْمُونَ أَزْوَاجَهُمْ وَلَمْ يَكُنْ لَهُمْ شُهَدَاءُ إِلَّا أَنْفُسُهُمْ فَشَهَادَةُ أَحَدِهِمْ أَرْبَعُ شَهَادَاتٍ بِاللَّهِ إِنَّهُ لَمِنَ الصَّادِقِينَ (٦) وَالْخَامِسَةُ أَنَّ لَعْنَتَ اللَّهِ عَلَيْهِ إِنْ كَانَ مِنَ الْكَاذِبِينَ (٧) وَيَدۡرَؤُاْ عَنْهَا الْعَذَابَ أَنْ تَشْهَدَ أَرْبَعَ شَهَادَاتٍ بِاللَّهِ إِنَّهُ لَمِنَ الْكَاذِبِينَ (٨) وَالْخَامِسَةَ أَنَّ غَضَبَ اللَّهِ عَلَيْهَا إِنْ كَانَ مِنَ الصَّادِقِينَ (٩) “
« Et ceux qui jettent [le discrédit sur] leurs conjointes, et ils n’avaient de témoins pour eux que leur être [qu’eux-mêmes], alors le témoignage de l’un d’eux : quatre témoignages par Dieu ; certes il est assurément des crédibles 6 Et le cinquième [témoignage], que certes la Malédiction de Dieu est sur lui s’il était des menteurs 7 Et ils dissipent de sur elle le tourment qu’elle témoigne : quatre témoignages par Dieu ; certes il est assurément des menteurs 8 Et le cinquième [témoignage], que certes la Colère de Dieu est sur elle s’il était des crédibles 9 »
Encore une fois, ces versets sont éloquents, clairs et décisifs ; ils ne laissent place à aucune ambiguïté, et ne souffrent d’aucune équivoque, concernant l’égalité homme-femme ; en l’occurrence ici : le témoignage de la femme équivaut celui de l’homme.
Il est à remarquer que ces versets sont situés explicitement dans un contexte où des femmes sont mises en cause ; et aussi remarquable, ils sont cités dans ce chapitre 24 dont le verset 4 punit sévèrement le faux témoignage contre les femmes :
“وَالَّذِينَ يَرْمُونَ الْمُحْصَنَاتِ ثُمَّ لَمْ يَأْتُوا بِأَرْبَعَةِ شُهَدَاءَ فَاجْلِدُوهُمْ ثَمَانِينَ جَلْدَةً وَلَا تَقْبَلُوا لَهُمْ شَهَادَةً أَبَدًا وَأُولَئِكَ هُمُ الْفَاسِقُونَ“
« Et ceux qui jettent [le discrédit sur] les [femmes] chastes, puis n’ont point ramené par quatre témoins, alors fouettez-les quatre-vingts coups de fouet, et n’acceptez plus jamais leur témoignage ; et ceux-là sont les pervers »
N’ont point ramené par quatre témoins, c’est-à-dire : n’ont pas étayé, démontré, prouvé leur dénonciation, par, au moyen, de quatre témoins.
C’est l’occasion de rappeler qu’en langue arabe, le mot “par” / “bi” / ب, comme dans بسم الله / “Au Nom de Dieu, Par Le Nom de Dieu”, est une particule qui se comprend comme préfixe, mais aussi comme préposition, adverbe ou locution prépositive.
Elle exprime, de manière variable ou complémentaire, les sens de : “avec, dans, à cause de, grâce à, au moyen de, à travers, etc.”
Dans le Qorân, la portée expressive de la particule “bi” / ب est considérable ; je ne me suis donc pas permis de la négliger ou de l’amputer.
En conséquence, je la traduis régulièrement par le mot “par” ; la variabilité, ou la complémentarité de ses sens, peut être inférée du contexte de son utilisation.
Maintenant, reprenons, avec un autre exemple de ce qui est circonstanciel d’époque, de lieu, de cause et de but, toujours au sujet de la femme : la part qui lui revient dans un héritage.
Précisons au préalable que le dogme du traditionalisme, chez les musulmans, est codifié et sacralisé, principalement par deux branches distinctes mais complémentaires :
1 – “Usûl al-Dîn” / أصول الدّين, les principes de la Créance ; que certains traduisent par les fondements de la religion. Cette discipline porte sur la croyance en tant que telle ; il s’agit là de théologie.
2 – “Usûl al-Fiqh” / أصول الفقه, les principes de l’Instruction ; que certains traduisent par les fondements de la science des lois. Cette discipline, elle, porte sur les sources du droit ; il s’agit là de jurisprudence.
Donc, la théologie et la jurisprudence en Islâm, il serait extrêmement long et pénible de vous exposer, ici en détail, toute la littérature exégétique et traditionniste, utilisée depuis des siècles, pour maintenir figé le taux de l’héritage, dans la société musulmane.
Il va de soi, chez les traditionalistes, que le premier principe, ou sentence de base, dans ce domaine, est que, pour un frère et deux sœurs, par exemple, l’homme hérite de 50% et les deux femmes se partagent les 50% qui restent, soit 25% pour chacune d’entre elles.
À l’époque, dans la société du début du VIIe siècle, avant et encore bien longtemps après, les hommes régnaient arbitrairement en maîtres sur les femmes, dans tous les sens du terme.
Cependant, la totalité de l’entretien de la famille incombait à l’homme. Les femmes, même fortunées, n’avaient aucune obligation de participer aux dépenses. Plus encore, par machisme, beaucoup d’hommes refusaient l’aide financière de leurs femmes ; c’est dire.
De la sorte, à la révélation du Qorân et du droit de la femme à l’héritage, le taux de la part de la femme, fixé alors, était plus ou moins avantageux pour elle.
D’autant plus que, s’il était besoin, monsieur devait puiser dans son héritage pour l’entretien de la famille ; ce n’était pas le cas de madame, qui pouvait disposer du sien à sa guise. Rajoutez à cela qu’elle était même rémunérée pour allaiter ses propres enfants.
En fait, j’ai résumé très brièvement les circonstances de cette époque qui, éventuellement, justifiaient le taux de l’héritage, fixé à la Révélation, et dans ces conditions-là, précisément celles que j’ai évoquées ; je ne conteste rien au taux fixé circonstanciellement.
Le hic, c’est que les traditionalistes ressassent un stéréotype, conforme à leur vision, des droits reconnus à la femme par le Qorân ; ils omettent, volontairement et obstinément, de reconnaître que ce stéréotype est complètement suranné, voire ridicule, de nos jours.
Comment faire voir et entendre que nous n’avons pas simplement changé de temps, de siècle, nous avons carrément changé de monde.
Dire qu’il existe encore sur terre, et pas que chez les musulmans, des gens lettrés, qui restent ancrés, boulonnés dans le passé, dans lequel, à part quelques éclaircies, les ténèbres ne régnaient pas moins qu’aujourd’hui.
Ce qui pourtant est évident à comprendre, au sujet de l’héritage et de son taux, en termes de droit, et qu’il faudrait rappeler tel un axiome juridique, c’est qu’il y a une différence entre droit à l’héritage et part de l’héritage.
1 – le droit de la femme à l’héritage, inauguré par le Qorân chez les Arabes au début du VIIe siècle, est inaliénable, immuable et intemporel.
2 – le taux fixé, limite minimale, à la Révélation, lui, est circonstanciel d’époque, de lieu, de cause et de but.
En France, le salaire minimum est un droit que personne ne conteste. Existe-t-il quelqu’un de sensé, qui envisagerait d’appliquer aujourd’hui le taux du smic des années 1970 ? Évidemment que non !
“ḥudûd Allah“/حدود الله, “les limites de Dieu“, cette expression est citée, telle quelle, 12 fois dans le Qorân :
Au chapitre 2,
1 fois dans le verset 187,
4 fois dans le verset 229 et,
2 fois dans le verset 230 ;
Également, au chapitre 4, dans le verset 13 ;
Au chapitre 9, dans le verset 112 ;
Au chapitre 58, dans le verset 4 et,
2 fois au chapitre 65, dans le verset 1.
Une autre fois, avec une variante dans le verset 14 du chapitre 4 ; “ḥudûdahu” / “Ses limites [de Dieu]”.
Il existe aussi une variante distincte, au verset 97 du chapitre 9, où il est dit, je cite :
“الْأَعْرَابُ أَشَدُّ كُفْرًا وَنِفَاقًا وَأَجْدَرُ أَلَّا يَعْلَمُوا حُدُودَ مَا أَنْزَلَ اللَّهُ عَلَى رَسُولِهِ وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ“
« Les vilains (arabes) sont plus-vigoureux [en] dénigrement et hypocrisie, et plus-emmurés, qu’ils ne savent les limites de ce qu’a fait Descendre Dieu sur Son Envoyé ; et Dieu Est Savant, Jugeant »
La majorité de ces citations, au sujet des limites de Dieu, sont en rapport avec les femmes, pour préserver leurs droits, à l’époque, très élémentaires.
En effet, dès qu’il s’agissait de dû à une femme, l’on avait des récalcitrants, à qui il fallait rappeler “ḥudûd Allah“/حدود الله, “les limites de Dieu“, minimales, à ne pas franchir.
Il faut rappeler aussi, qu’au début du VIIe siècle, ce droit de la femme à l’héritage ne fut pas accueilli par les Arabes avec grand enthousiasme. Ce qui peut encore, aussi, expliquer le taux circonstanciel, de sa part d’héritage, à l’époque.
Et même avec le taux de ce temps, de l’Antiquité tardive, le droit de la femme à l’héritage fut et reste mal appliqué, dans certains cas, encore de nos jours. Et pas que chez les Arabes, j’en conviens et j’en sais quelque chose.
Les traditionalistes musulmans déviationnistes, qui définissent les mots en en distordant le sens et hors du contexte qoranique, ne font pas mieux que leurs homologues juifs et chrétiens, qui prêchent que la femme est la première à avoir commis le péché originel, et encore, ceux-ci rapportent cela littéralement de leurs Bibles ; au verset 6 du chapitre 3 de la Genèse, nous lisons :
« La femme jugea que l’arbre était bon comme nourriture, qu’il était attrayant à la vue et précieux pour l’intelligence ; elle cueillit de son fruit et en mangea ; puis en donna à son époux, et il mangea ».
Et au verset 12 : « L’homme répondit [à L’Éternel-Dieu] ; “La femme – que tu m’as associée – c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’ai mangé »
Pour prouver que la femme n’est pas l’égale de l’homme et qu’elle doit être sous la tutelle de celui-ci, les traditionalistes déviationnistes avancent entre autres comme argument que Dieu n’a pas sacré de femmes Prophètes.
Vous imaginez les femmes Prophètes prêchant au milieu de peuplades rustres, sans foi ni loi, belliqueuses et assassines, sacrificatrices d’enfants et misogynes à l’extrême, chez qui la femme n’était et n’avait pas plus de valeur qu’un ustensile ?
En sachant ce que subissent beaucoup d’entre elles encore de nos jours, avec quels mots pourrions-nous décrire les conditions horrifiques dans lesquelles vivaient les femmes il y a des décennies, des siècles et des millénaires en arrière ?
En lisant et/ou en écoutant ce que je viens de développer, certains vont s’exclamer : “Un homme et une femme sont complémentaires, mais différents ; n’est-il pas écrit dans le Qorân que le mâle n’est pas comme la femelle ?”.
Et pendant qu’on y est, ils pourraient rajouter, si ce n’est déjà fait : “un kabyle et un arabe, un blanc et un noir, un japonais et un chinois et que sais-je encore ; tous sont complémentaires, mais différents”. En fait, voulez-vous dire que “différents” signifie “inégaux” ?
Voyons plus précisément comment cette différence entre mâle et femelle est rapportée dans le Qorân. Au verset 36 du chapitre 3 nous lisons :
” فَلَمَّا وَضَعَتْهَا قَالَتْ رَبِّ إِنِّي وَضَعْتُهَا أُنْثَى وَاللَّهُ أَعْلَمُ بِمَا وَضَعَتْ وَلَيْسَ الذَّكَرُ كَالْأُنْثَى وَإِنِّي سَمَّيْتُهَا مَرْيَمَ وَإِنِّي أُعِيذُهَا بِكَ وَذُرِّيَّتَهَا مِنَ الشَّيْطَانِ الرَّجِيمِ“
« Alors, lorsqu’elle l’a mise [au monde], elle a dit : “Maître ! Certes je l’ai mise femelle”, et Dieu Est Plus-Savant par (de) ce qu’elle a mis, “Et le mâle n’est point comme la femelle, et certes je l’ai nommée Marie, et certes je la préserve et sa progéniture par Toi, du diable lapidable” »
Proprement parlant donc, il s’agit de la grand-mère de Jésus, qui voulait consacrer un fils à Dieu ; un fils et non une fille, conformément à la norme de l’époque, encore une fois.
Elle mit au monde une fille, Marie, la future mère de Jésus ; elle s’est alors confondue en excuses, pensant niaisement, comme le peuple, que seuls les hommes pouvaient prétendre au sacerdoce.
C’est donc elle qui a dit, innocemment, que le mâle n’est pas comme la femelle. Et contextuellement, c’est dans sa locution consacrée que Dieu fit Intercaler une remarque interpellative, “et Dieu Est Plus-Savant par (de) ce qu’elle a mis“, pour Signifier clairement que pour Lui, Le Créateur, peu importe le sexe.
Et désormais, depuis des siècles et des siècles, et aujourd’hui, le monde entier connaît l’importance de Marie mère de Jésus. Dans le Qorân, un chapitre, et pas des moindres, porte son nom, le chapitre 19 ; un autre encore porte le nom de sa famille, Âl ΣImrâne, le chapitre 3.
Et justement, les versets 42 et 43 de ce 3ème chapitre nous informent que Dieu a Élu, Purifié, Rangé cette femme en particulier, au-dessus de toutes, de même qu’ils nous informent de sa consécration :
“وَإِذْ قَالَتِ الْمَلَائِكَةُ يَا مَرْيَمُ إِنَّ اللَّهَ اصْطَفَاكِ وَطَهَّرَكِ وَاصْطَفَاكِ عَلَى نِسَاءِ الْعَالَمِينَ (٤٢) يَا مَرْيَمُ اقْنُتِي لِرَبِّكِ وَاسْجُدِي وَارْكَعِي مَعَ الرَّاكِعِينَ (٤٣) “
« Et quand les anges (possesseurs) ont dit : “Ô Marie ! Certes Dieu t’a Rarrangée et t’a Purifiée, et t’a Rarrangée sur les femmes des mondes 42 Ô Marie ! Dévoue-toi pour Ton Maître et prosterne-toi et arque-toi avec les arqués” 43 »
Et le verset 12 du chapitre 66 nous dit qu’elle était “min al-qânitîne“/ مِنَ الْقَانِتِينَ, des dévoués, au masculin, et non au féminin “al-qânitât“/ الْقَانِتَات ; le terme au féminin est pourtant utilisé dans le Qorân. C’est ici par Marie que Dieu nous Signifie encore une fois l’égalité homme-femme :
“وَمَرْيَمَ ابْنَتَ عِمْرَانَ الَّتِي أَحْصَنَتْ فَرْجَهَا فَنَفَخْنَا فِيهِ مِنْ رُوحِنَا وَصَدَّقَتْ بِكَلِمَاتِ رَبِّهَا وَكُتُبِهِ وَكَانَتْ مِنَ الْقَانِتِينَ“
« Et Marie fille de ΣImrâne, celle qui a immunisé son évasure, alors Nous avons Insufflé en elle de Notre Esprit ; et elle a crédité par les Paroles (Mots) de Son Maître et [par] Ses Écrits, et elle était des dévoués »
Toujours au sujet de l’importance de la femme dans le Qorân, et donc dans la création de Dieu, même la femme de pharaon est présentée comme un exemple à suivre par les croyants-assurants ; nous le lisons au verset 11 du chapitre 66 :
“وَضَرَبَ اللَّهُ مَثَلًا لِلَّذِينَ آمَنُوا امْرَأَتَ فِرْعَوْنَ إِذْ قَالَتْ رَبِّ ابْنِ لِي عِنْدَكَ بَيْتًا فِي الْجَنَّةِ وَنَجِّنِي مِنْ فِرْعَوْنَ وَعَمَلِهِ وَنَجِّنِي مِنَ الْقَوْمِ الظَّالِمِينَ“
« Et Dieu a Appliqué un exemple pour ceux qui ont assuré (cru) : la femme de pharaon quand elle a dit : “Maître ! Édifie pour moi, Auprès de Toi, une bâtisse en le paradis, et Dégage-moi de pharaon et son œuvre, et Dégage-moi de la communauté des injustes (obscurantistes)” »
Je rappelle encore et encore, qu’en langue arabe, les mots “injustice” et “obscurité” / “ẓulm” et “ẓulmah” ou “ẓalâm” / ظلم وظلمة أوظلام ont la même racine (Ẓ-L-M / ظ ل م), qui donne en premier le mot “ẓulm” / ظلم / “injustice”.
Une logique, inhérente à la langue arabe, explique le lien que l’on peut faire entre l’injustice et l’obscurité :
Dans l’obscurité, on se meut sans justesse, on manœuvre à l’aveuglette, on saisit et on déplace les choses incorrectement, on dévie, on s’égare et on égare ; on est injuste, on apprécie et on agit injustement.
À la lumière de ces faits, vous comprenez que j’utilise cette expression à mon escient et à bon escient. À la lumière des faits que j’ai évoqués au sujet de l’absence de justesse dans l’obscurité.
Nous pouvons dire et soutenir que l’injuste est obscurantiste et obscurcissant, et, inversement, l’obscurantiste, obscurcissant, est injuste ; الظّالم ظلاميّ والظّلاميّ ظالم.
Et de même, nous pouvons soutenir et dire, de celui qui subit l’injustice, qu’il est obscuré et obscurci ; المظلوم مُظۡلِم.
Je rappelle à ce propos que, tant dans le recueil de Bukhari que dans celui de Muslim, on lit un ḥadîth attribué au Prophète Mohammed, qui confirme et renforce le principe d’une relation entre injustice, obscurité et obscurantisme :
“… الظُّلْمَ ظُلُماتٌ يومَ القيامةِ …”
Ce passage est habituellement traduit par :
“… l’injustice (الظُّلْمَ / al-ẓulm) est obscurités (ظُلُماتٌ / ẓulumāt) au jour du redressement…”.