Le message originel de l’Islâm – partie 3

Par Farid Gabteni

 

بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ

رَبِّ اشْرَحْ لِي صَدْرِي وَيَسِّرْ لِي أَمْرِي وَاحْلُلْ عُقْدَةً مِنْ لِسَانِي يَفْقَهُوا قَوْلِي؛

رَبِّ أَدْخِلْنِي مُدْخَلَ صِدْقٍ وَأَخْرِجْنِي مُخْرَجَ صِدْقٍ وَاجْعَلْ لِي مِنْ لَدُنْكَ سُلْطَانًا نَصِيرًا

 

Au Nom de Dieu L’Origine L’Arrangeant
Dieu Mon Maître ! Soulage pour moi ma poitrine et Facilite pour moi mon ordonnance, et Dénoue un nœud de ma langue qu’ils comprennent mon dire.
Dieu Mon Maître ! Fais-moi Accéder à une accession crédible, et Fais-moi Émerger à une émergence crédible ; et Forme pour moi, de Ta Part, une autorité secoureuse.
Aujourd’hui, dans ce troisième cycle de conférences, je vais poursuivre, de manière plus approfondie, ma présentation du Message originel de l´Islâm.
Tout d’abord, je veux rappeler, encore une fois, et inlassablement, qu’étymologiquement, en langue arabe, l’Islâm / “al-islâm” / الإسلام, de la racine S-L-M / س ل م, qui donne en premier le mot “silm” / سلم / paix, signifie la “Pacification” :
L’action de pacifier, d’établir, de rétablir et de maintenir la paix ; l’action de se rendre suffisamment, pleinement, entièrement en paix à Dieu.
L’Islâm est l’activation de la paix / “al-silm“, “al-salâm” /السّلم السّلام : celui qui se rend à Dieu, se pacifie / “yuslim” / يسلم, fait cesser les troubles de son esprit, les mouvements de révolte en lui, et autour de lui ; il est pacifié, musulman / “muslim” / مسلم, et pacifiste / “mussâlim” / مسالم.
Il aspire à la quiétude, à la sûreté et à la tranquillité, il n’est pas pour, ou dans, le trouble et la révolte ; en conséquence, il acquiert un cœur paisible / “salîm” / سليم, sain et saint, santé et sainteté, en paix avec Dieu et Sa Création.
Au temps du Prophète Mohammed, chaque pays avait ses valeurs propres, et les notions du bien et du mal étaient différentes d’un peuple à l’autre.
L’humanité a atteint, depuis la deuxième moitié du XXe siècle, un haut niveau de civilisation et de connaissance ; les sciences et les technologies connaissent un essor sans précédent. Mais pour ce qui est de la faillibilité humaine : si le décor a changé, la mentalité est restée généralement la même.
La corruption et le mal prédominent encore, ils ont pour noms : injustice, manipulation des masses, obscurantisme, misère, guerres, massacres, crises et trafics en tout genre, dégradation de l’environnement, extinction des espèces, pollution, changement climatique, etc. Nous lisons une annonce prémonitoire, incontestable, au verset 41 du chapitre 30 :
ظَهَرَ الْفَسَادُ فِي الْبَرِّ وَالْبَحْرِ بِمَا كَسَبَتْ أَيْدِي النَّاسِ لِيُذِيقَهُمْ بَعْضَ الَّذِي عَمِلُوا لَعَلَّهُمْ يَرْجِعُونَ
« La corruption s’est manifestée en le sol et l’océan par ce qu’ont acquis les mains des gens. Pour qu’Il [Dieu] leur fasse Goûter une partie de ce qu’ils ont œuvré ; peut-être reviendront-ils ! »
En Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et ailleurs dans le monde, des forêts sont dévastées, des lacs et des rivières sont asséchés, des terres et des villages sont engloutis, des populations entières sont déplacées.
Des millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, des centaines de milliers sont victimes de la famine, de meurtres, d’enlèvements, du trafic d’organes. Des millions de femmes sont battues et violentées, des centaines de milliers d’enfants sont esclaves.
Cela, on n’en parle qu’au-delà d’un certain seuil dans l’horreur ; ou alors à l’occasion d’une coupe du monde de football.
Autre paradoxe, tandis que l’Islâm rayonne, s’étendant aux sphères scientifiques, le monde musulman actuel, lui, loin d’être le modèle à suivre, est à la dérive.
De nos jours, l’Islâm et les musulmans sont devenus la hantise du monde ; le plus souvent on n’en parle qu’en termes de guerre, de terrorisme, d’immigrés ou de migrants.
Ces deux constats suffisent à prouver que l’Islâm se distingue, par son originalité divine, des musulmans, faillibles par nature. Et il est dit dans le Qorân, aux versets 26, 27, 28 du chapitre 4 :
يُرِيدُ اللَّهُ لِيُبَيِّنَ لَكُمْ وَيَهْدِيَكُمْ سُنَنَ الَّذِينَ مِنْ قَبْلِكُمْ وَيَتُوبَ عَلَيْكُمْ وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ (٢٦) وَاللَّهُ يُرِيدُ أَنْ يَتُوبَ عَلَيْكُمْ وَيُرِيدُ الَّذِينَ يَتَّبِعُونَ الشَّهَوَاتِ أَنْ تَمِيلُوا مَيْلًا عَظِيمًا (٢٧) يُرِيدُ اللَّهُ أَنْ يُخَفِّفَ عَنْكُمْ وَخُلِقَ الْإِنْسَانُ ضَعِيفًا (٢٨)
« Dieu Veut pour qu’Il Explicite pour vous et qu’Il vous Guide, les modes de ceux d’avant vous, et qu’Il Révise sur vous ; et Dieu Est Savant, Jugeant 26 Et Dieu [ne] Veut que Réviser sur vous et ceux qui suivent les envies veulent que vous vous incliniez, une inclinaison immense 27 Dieu [ne] Veut qu’Alléger de sur vous ; et l’humain a été Créé faiblet 28 »
L’Islâm est synonyme de vitalité et se manifeste ne serait-ce que numériquement, avec près de deux milliards de fidèles sur la planète, et l’accroissement continu en nombre de ceux qui l’embrassent, ce qui en fera à terme la première religion sur la terre.
L’avancée de l’Islâm, contrastant avec la dégénérescence de certains musulmans, s’explique par l’universalité de son message originel, que ne peuvent contenir les vicissitudes auxquelles sont confrontés les musulmans depuis des siècles.
Nous lisons au verset 9 du chapitre 61 :
هُوَ الَّذِي أَرْسَلَ رَسُولَهُ بِالْهُدَى وَدِينِ الْحَقِّ لِيُظْهِرَهُ عَلَى الدِّينِ كُلِّهِ وَلَوْ كَرِهَ الْمُشْرِكُونَ
« Il Est Celui Qui a Envoyé Son Envoyé par la guidance et la créance (religion) du vrai, pour qu’Il la Manifeste sur toute créance (religion) ; et [même] si cela contraint les associants »
Il est utile de rappeler ici, qu’en langue arabe, le mot “religion” / dîn / دين exprime le sens d’approximation, d’obligation, de devoir et de dette ; en l’occurrence, c’est la créance due à Dieu ; par conséquent, je traduis “religion” par “créance”.
Simultanément, l’apparition du charlatan et du charlatanisme est désormais effective dans le monde. En arabe, “al-dajjâl” et “al-dajal / الدجّال والدّجل, pseudonymés dans la culture judéo-chrétienne : l’anti-messie, l’antichrist et/ou l’antéchrist.
Les charlatans, de ce type de charlatanerie eschatologique, ont pour caractéristique de se présenter par de faux-semblants de vertu et de piété : soutane et simarre, calotte et voilage, barbon et barbouze ; tous ces noms ont évidemment été arabisés et ḥalalisés, “cela va de soi ؟”
Nombreux sont ceux qui y croient, et se fourrent la tête dans le guêpier. Jusqu’à ce que la lumière de la connaissance, la Lumière de Dieu, se manifeste irrévocablement et permette de confondre ces forces obscures et malfaisantes.
Au verset 81 du chapitre 17, il est dit :
وَقُلْ جَاءَ الْحَقُّ وَزَهَقَ الْبَاطِلُ إِنَّ الْبَاطِلَ كَانَ زَهُوقًا
« Et dis : “Le vrai est venu et s’est évanoui le faux ; certes le faux était évanouissant” »
Et au verset 72 du même chapitre, 17 :
وَمَنْ كَانَ فِي هَذِهِ أَعْمَى فَهُوَ فِي الْآخِرَةِ أَعْمَى وَأَضَلُّ سَبِيلًا
« Et quiconque était aveugle dans celle-ci [ici-bas], alors il est aveugle dans la dernière [l’au-delà] et, plus égaré, cheminant »
Et je n’oublie pas de rappeler, pour précision, le verset 46 du chapitre 22 :
 أَفَلَمْ يَسِيرُوا فِي الْأَرْضِ فَتَكُونَ لَهُمْ قُلُوبٌ يَعْقِلُونَ بِهَا أَوْ آذَانٌ يَسْمَعُونَ بِهَا فَإِنَّهَا لَا تَعْمَى الْأَبْصَارُ وَلَكِنْ تَعْمَى الْقُلُوبُ الَّتِي فِي الصُّدُورِ
« Est-ce qu’alors ils n’ont sillonné en la terre, alors ils auraient pour eux des cœurs par lesquels ils raisonnent ou des oreilles par lesquelles ils entendent ? Alors certes, ce ne sont point les regards qui s’aveuglent, mais s’aveuglent les cœurs, ceux en les poitrines »
Sous le couvert d’un islam dénaturé par les ignorantistes, des fanatiques, corrupteurs de la foi, à l’aise dans l’ignominie, commettent les pires crimes contre Dieu et l’humanité.
Dénaturant l’Islâm et toutes les valeurs morales, universelles, ils cultivent la discorde, la haine de l’autre, la violence et le sectarisme.
S’il est indéniable que ces criminels démoniaques visent et menacent la civilisation dans son ensemble, les musulmans sont les premières victimes de leurs théories et de leurs pratiques cauchemardesques.
Les criminels n’ont pas de religion, leurs extases sont le meurtre, la destruction et la corruption sur terre. L’Islâm condamne les charlatans diaboliques et assassins, malheur à eux dans ce monde et dans l’autre.
L’Islâm est innocent des crimes, des cruautés et des massacres perpétrés faussement en son nom par des hérétiques, déviationnistes et criminels.
Ceux-là sont plutôt les suppôts du mal, pervers et corrupteurs en la terre. Dieu n’aime ni l’agression ni les agresseurs, et encore moins les corrupteurs en la terre, les assoiffés de sang et les bouchers criminels.
Le cœur du problème, au sujet de la terreur perpétrée au nom de l’Islâm, c’est l’idéologie traditionaliste obscurantiste, fanatisante et violente, qui prêche la haine et le meurtre.
C’est ce genre d’idéologie hérétique, contraire et traîtresse à l’Islâm originel, qui influe sur les ignares et les esprits fragiles, et en fait des criminels démoniaux.
Nous devons informer, enseigner et sensibiliser les musulmans à l’Islâm originel, vecteur de science, de progrès, de tolérance, de paix et de civilisation.
Je rappelle de nouveau, qu’en langue arabe, les mots “assurance” et “foi” / amn” et “îmâne / أمن وإيمان ont la même racine (A-M-N / أ م ن), qui donne en premier le mot “amn / أمن / “assurance, sûreté, sécurité”.
Dans le langage qoranique, la foi s’acquiert par le savoir, en s’assurant et en assurant ; il s’agit bien plus que d’une croyance vague et relative.
Dieu Est Évident, rationnellement, on ne peut qu’en témoigner, et le témoignage doit se faire en connaissance de cause, en toute science et conscience.
Le croyant, que je traduis par “l’assurant”, s’assure et se sécurise, en s’instruisant du Fait de Dieu ; c’est ainsi qu’il devient sécurisé et sécurisant, assuré et assurant (“mu’min / مؤمن).
Ce qui est universel et inhérent à tout peuple croyant en Dieu et au jugement dernier, se lit au verset 77 du chapitre 28 :
وَابْتَغِ فِيمَا آتَاكَ اللَّهُ الدَّارَ الْآخِرَةَ وَلَا تَنْسَ نَصِيبَكَ مِنَ الدُّنْيَا وَأَحْسِنْ كَمَا أَحْسَنَ اللَّهُ إِلَيْكَ وَلَا تَبْغِ الْفَسَادَ فِي الْأَرْضِ إِنَّ اللَّهَ لَا يُحِبُّ الْمُفْسِدِينَ
« Et brigue-toi, en ce que Dieu t’a Rapporté, l’enceinte de la dernière [l’au-delà], et n’oublie point ta consécration de la proximité (l’ici-bas). Et excelle, comme Dieu a Excellé vers toi, et ne brigue point la corruption en la terre, certes Dieu n’aime point les corrupteurs »
La Foi est intimement liée à la bonté et à la bienveillance. Le désarroi, lui, est intérieurement relié à la brutalité et à la violence. Nous lisons au verset 57 du chapitre 3 :
وَأَمَّا الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ فَيُوَفِّيهِمْ أُجُورَهُمْ وَاللَّهُ لَا يُحِبُّ الظَّالِمِينَ
« Et quant à ceux qui ont assuré (cru) et œuvré les réformes, alors Il leur Parachève leurs salaires ; et Dieu n’aime point les injustes (les obscurantistes) »
Je rappelle encore une fois, qu’en langue arabe, les mots “injustice” et “obscurité” / ẓulm” et “ẓulmah” ou “ẓalâm / ظلم وظلمة أوظلام ont la même racine (Ẓ-L-M / ظ  ل  م), qui donne en premier le mot “ẓulm / ظلم / “injustice”.
Une logique, inhérente à la langue arabe, explique le lien que l’on peut faire entre l’injustice et l’obscurité :
Dans l’obscurité, on se meut sans justesse, on manœuvre à l’aveuglette, on saisit et on déplace les choses incorrectement, on dévie, on s’égare et on égare ; on est injuste, on apprécie et on agit injustement.
À la lumière de ces faits, vous comprenez que j’utilise cette expression à mon escient et à bon escient. À la lumière des faits que j’ai évoqués au sujet de l’absence de justesse dans l’obscurité.
Nous pouvons dire et soutenir que l’injuste est obscurantiste et obscurcissant, et inversement, l’obscurantiste, obscurcissant, est injuste ; الظّالم ظلاميّ والظّلاميّ ظالم.
Et de même, nous pouvons soutenir et dire, de celui qui subit l’injustice, qu’il est obscuré et obscurci ; المظلوم مُظۡلِم.
Je rappelle à ce propos que, tant dans le recueil de Bukhari que dans celui de Muslim, on lit un ḥadîth attribué au Prophète Mohammed, qui confirme et renforce le principe d’une relation entre injustice, obscurité et obscurantisme :
“… الظُّلْمَ ظُلُماتٌ يومَ القيامةِ …”
Ce passage est habituellement traduit par :
“… l’injustice (الظُّلْمَ / al-ẓulm) est obscurités (ظُلُماتٌ / ẓulumāt) au jour du redressement…”.
Par conséquent, je traduis, occasionnellement mais sciemment, le mot “injuste” par “obscurantiste”. Nous lisons dans le verset 16 du chapitre 13 :
قُلۡ هَلۡ يَسۡتَوِى ٱلۡأَعۡمَىٰ وَٱلۡبَصِيرُ أَمۡ هَلۡ تَسۡتَوِى ٱلظُّلُمَـٰتُ وَٱلنُّورُ
« … Dis : “Est-ce que l’aveugle et le regardant s’ajustent ? Ou bien, est-ce que les obscurités et la lumière s’ajustent ?… »
Je rappelle ici que, contrairement à l’arabe qoranique, le terme “obscurantisme” n’existe dans la langue française que depuis le XIXe siècle, précisément depuis 1819, pour signifier l’hostilité aux Lumières.
De son vivant, le Prophète n’a jamais entrepris de guerre offensive, contrairement à ce que prêchent les extrémistes traditionalistes.
Toutes celles qu’il dut mener étaient défensives, appelées :jihâd al-dafaΣ“/جهاد الدفع ou, plus exceptionnellement, préventives, appelées :jihâd al-talab“/ جهاد الطلب.
Il est utile de préciser ici que le terme “jihâd“/ جهاد signifie “efforcement” : penser et/ou agir avec effort. Ce sens premier peut s’étendre circonstanciellement au combat armé.
Ce dernier, le combat armé, est plutôt désigné, en langue arabe et qoranique, par le terme “qitâl“/ قتال.
Ceux qui après le Prophète ont donné une consonance autre au sens de la guerre préventive “jihâd al-talab” / جهاد الطلب, pour en faire une guerre également offensive, d’agression et de conquêtes, en portent seuls la responsabilité devant Dieu et l’Histoire.
L’Islâm originel appelle à l’humanisme et à l’universalisme, contrairement au traditionalisme idéologique, qui mène au communautarisme et au repli identitaire.
Le premier est l’Enseignement de Dieu, Maître des mondes ; le second est l’embéguinement des sectaires, doctrinaires et bornés.
Certains, égarés, passent leur temps à s’entre-déchirer, souvent le plus sincèrement du monde. Les uns et les autres clamant “Dieu Est Le Plus-Grand !” et, dans un camp comme dans l’autre, ils prétendent défendre la juste cause de Dieu.
Ils sont dans un état de restriction mentale par où l’ignorantisme perpétue l’obscurantisme, la superstition et la violence.
Ils reproduisent ce que l’on appelle en arabe :al-jâhiliyyah” / الجاهلية, la doctrine, l’attitude de ceux qui se complaisent dans l’ignorance.
Beaucoup sont devenus otages ou marionnettes d’un dogmatisme et d’un passé révolus. Que dire d’autre que :Lâ ḥawla wa lâ quwwata illâ billâh / لا حول ولا قوّة إلّا بالله / “pas d’environnement et pas de force que par Dieu” ?
Au verset 77 du chapitre 5, nous pouvons lire :
قُلْ يَا أَهْلَ الْكِتَابِ لَا تَغْلُوا فِي دِينِكُمْ غَيْرَ الْحَقِّ وَلَا تَتَّبِعُوا أَهْوَاءَ قَوْمٍ قَدْ ضَلُّوا مِنْ قَبْلُ وَأَضَلُّوا كَثِيرًا وَضَلُّوا عَنْ سَوَاءِ السَّبِيلِ
« Dis : “Ô familiers de l’Écrit ! Ne vous déchaînez en votre créance (religion), différemment du vrai, et ne suivez les penchants d’une communauté [de ceux] qui déjà se sont égarés auparavant, et ont égaré beaucoup, et se sont égarés, de sur la justesse du chemin” »
Pour exemple de la dissension entre les musulmans : le dixième jour du premier mois de l’année hégirienne, Σâshûrâ’ / عاشوراء, une fête pour certains, durant laquelle on se réjouit ; un deuil pour d’autres, durant lequel on se flagelle.
Il ne devrait être ni une réjouissance ni une mortification par flagellation. Les historiens musulmans, tous sans exception, rapportent que le dernier et bien-aimé petit-fils du Prophète, Al-Ḥussayn, fut tué et décapité par de prétendus musulmans le jour de Σâshûrâ’, correspondant au 10 octobre 680 de notre ère.
Qui donc peut se prévaloir de la communauté de Mohammed et se réjouir ce jour-là ? Comment peut-on également se mortifier par flagellation alors que l’Islâm réprouve totalement toute sorte de mortification ?
Ce jour devrait être une occasion de recueillement et de réflexion sur l’Histoire des musulmans, d’hier et d’aujourd’hui, en vue qu’ils s’optimisent demain.
Par ailleurs, et j’en profite, concernant les anniversaires des Prophètes, Moïse, Jésus et Mohammed ne célébraient pas l’anniversaire de leur naissance.
Les juifs, les premiers chrétiens et les premiers musulmans ne fêtaient pas non plus le jour anniversaire de la naissance de leurs Prophètes.
Plus encore, dans l’histoire des religions, nous ne trouvons nulle trace d’un Prophète qui aurait initié ses disciples à de telles célébrations.
Ceci dit, je ne dis pas que de telles remémorations sont illicites, du moins tant qu’elles ne sont pas sacralisées au point d’être divinisées.
Nous lisons au verset 48 du chapitre 6 :
وَمَا نُرۡسِلُ ٱلۡمُرۡسَلِينَ إِلَّا مُبَشِّرِينَ وَمُنذِرِينَ فَمَنۡ ءَامَنَ وَأَصۡلَحَ فَلَا خَوۡفٌ عَلَيۡہِمۡ وَلَا هُمۡ يَحۡزَنُونَ
« Et Nous n’Envoyons les Envoyés qu’éjouissants et avertissants, alors quiconque a assuré (cru) et réformé, alors non peur sur eux, et eux ne s’attristent »
D’autre part, sur un tout autre sujet, le Prophète nommait et envoyait officiers et instructeurs pour transmettre et enseigner le Monothéisme par l’Islâm, au moyen de la Pacification.
Il n’institua pour autant ni clergé ni gouvernement, et il ne désigna personne, précisément et indiscutablement, pour exercer un pouvoir politique et/ou religieux après lui.
L’Islâm originel n’a donc pas favorisé et légitimé l’instauration d’un establishment théocratique, de quelque manière ou nature que ce soit ; le traditionalisme idéologique, lui, si, et il continue à le faire.
L’Islâm véhicule la philosophie de la vie, métaphysique et physique ; le traditionalisme, lui, véhicule une idéologie systémique. Un résumé, religieux, éthique et moral, politique et sociétal, peut être déduit des versets 36 à 43 du chapitre 42 :
فَمَا أُوتِيتُمْ مِنْ شَيْءٍ فَمَتَاعُ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَمَا عِنْدَ اللَّهِ خَيْرٌ وَأَبْقَى لِلَّذِينَ آمَنُوا وَعَلَى رَبِّهِمْ يَتَوَكَّلُونَ (۳٦) وَالَّذِينَ يَجْتَنِبُونَ كَبَائِرَ الْإِثْمِ وَالْفَوَاحِشَ وَإِذَا مَا غَضِبُوا هُمْ يَغْفِرُونَ (٣٧) وَالَّذِينَ اسْتَجَابُوا لِرَبِّهِمْ وَأَقَامُوا الصَّلَاةَ وَأَمْرُهُمْ شُورَى بَيْنَهُمْ وَمِمَّا رَزَقْنَاهُمْ يُنْفِقُونَ (٣٨) وَالَّذِينَ إِذَا أَصَابَهُمُ الْبَغْيُ هُمْ يَنْتَصِرُونَ (٣٩) وَجَزَاءُ سَيِّئَةٍ سَيِّئَةٌ مِثْلُهَا فَمَنْ عَفَا وَأَصْلَحَ فَأَجْرُهُ عَلَى اللَّهِ إِنَّهُ لَا يُحِبُّ الظَّالِمِينَ (٤٠) وَلَمَنِ انْتَصَرَ بَعْدَ ظُلْمِهِ فَأُولَئِكَ مَا عَلَيْهِمْ مِنْ سَبِيلٍ (٤١) إِنَّمَا السَّبِيلُ عَلَى الَّذِينَ يَظْلِمُونَ النَّاسَ وَيَبْغُونَ فِي الْأَرْضِ بِغَيْرِ الْحَقِّ أُولَئِكَ لَهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ (٤٢) وَلَمَنْ صَبَرَ وَغَفَرَ إِنَّ ذَلِكَ لَمِنْ عَزْمِ الْأُمُورِ (٤٣)
« Alors, ce qui vous a été Rapporté d’une chose, alors c’est jouissance de la vie de la proximité (l’ici-bas). Et ce qui est auprès de Dieu est meilleur et plus-constant ; pour ceux qui ont assuré (cru), et qui, sur Leur Maître, comptent 36 Et ceux qui évitent les agrandissements du péché et les turpitudes ; et quand ils sont colérés, ils pardonnent 37 Et ceux qui ont répondu pour Leur Maître et ont adressé le jointoiement (prière) ; et leur ordre (gouvernement) est consultation entre eux, et de ce que Nous leur avons Attribué, ils dépensent 38 Et ceux qui, quand les a atteints la brigue, se secourent 39 Et le proportionné à une souillure est une souillure semblable, alors quiconque a amnistié et réformé [plutôt que de se venger], alors sur Dieu son salaire ; certes Il n’aime point les injustes (les obscurantistes) 40 Et assurément, quiconque s’est secouru (défendu) après avoir été obscurci (avoir subi une injustice) ; alors ceux-là, il n’y a point sur eux de chemin (poursuite) 41 Il est certes que le chemin (poursuite) est sur ceux qui obscurcissent (commettent l’injustice envers) les gens et briguent en la terre par différent du vrai ; ceux-là, pour eux un tourment douloureux 42 Et assurément, quiconque a patienté et pardonné, certes cela est assurément de la résolution des ordonnances 43 »
Au sujet de l’office, la prière ou le jointoiement, cité au verset 38, je rappelle qu’en langue arabe, le mot “al-ṣalâ” / الصّلا  permet de désigner le milieu du dos, ou la chute de rein, ou la visée entre la fesse et la queue (résiduelle chez certaines espèces), ou encore ce qui est à droite et à gauche de cette queue.
Dans une course de chevaux, le mot “al-muṣallî” / المصلّي, de la même racine, désigne et qualifie le second qui, de la tête, rejoint et talonne les arrières, le milieu du premier.
Toujours de la même racine, le mot “al-ṣalât” / الصّلاة  signifie l’action d’articuler en jointoyant, d’assembler étroitement l’élément, l’événement à la suite, au milieu de l’autre ; en conséquence on accomplit la prière.
C’est en jointoyant qu’Abrahâm a élevé les fondations de la Bâtisse de Dieu. À La Mecque, on jointoie autour de la Kaaba et entre les monts “al-ṣafâ” et “al-marwah“/ الصفا والمروة.
Et c’est adressé (debout), arqué (incliné) et prosterné que le musulman articule : disposition, phase et phrase, qui succède à l’autre, qui naît de l’autre. C’est la prière, que je traduis par le “jointoiement”.
Pour revenir à mon propos précédent, l’Islâm ne peut donc être représenté ni par un clergé ni par des dignitaires religieux, et encore moins par une institution étatique.
Quant aux docteurs, spécialistes en religion islamique, ils ne peuvent bénéficier que d’une seule prérogative, si c’en est une : celle d’émettre des avis, point.
Après la mort du Prophète Mohammed, en 632 de notre ère, plusieurs événements et circonstances de l’Histoire, qu’il serait long d’énumérer ici, ont amené les uns et les autres à légiférer dans tous les domaines.
Certains ont interprété le Qorân et la conduite du Prophète, conformément à ce qu’ils croyaient être juste de leur point de vue, et beaucoup d’autres, en fonction de leurs intérêts.
C’est ce qui donna naissance à la sharîΣah / الشّريعة, la législation, la théologie et la jurisprudence chez les musulmans.
Aujourd’hui plus qu’hier, nous avons le devoir d’étudier et d’examiner en détail et en profondeur, objectivement, historiquement et scientifiquement, l’Islâm du vivant du Prophète, et ce qu’il en est advenu depuis sa mort.
Comment sont nées la théologie et la jurisprudence chez les musulmans ; tout cela, afin de pouvoir revenir au message véritable et originel de l’Islâm.
Dieu a Enseigné à l’humain tous les noms, chapitre 2, début du verset 31 :
وَعَلَّمَ آدَمَ الْأَسْمَاءَ كُلَّهَا
« Et Il a fait Savoir à Âdam les noms, tous… »
Cela, pour analyser, réfléchir, discerner et légiférer en conséquence. La seule sharîΣah, Loi, Législation de Dieu, immuable et inviolable, se trouve être les lois de la physique, inaltérées et inaltérables depuis la création de l’univers.
Toute autre loi est circonstancielle de temps, de lieu, de cause et de but. Je répéterai souvent cette dernière expression : “circonstancielle de temps, de lieu, de cause et de but”. Les ignares et les fanatiques sont comme l’illustre le verset 179 du chapitre 7 :
وَلَقَدْ ذَرَأْنَا لِجَهَنَّمَ كَثِيرًا مِنَ الْجِنِّ وَالْإِنْسِ لَهُمْ قُلُوبٌ لَا يَفْقَهُونَ بِهَا وَلَهُمْ أَعْيُنٌ لَا يُبْصِرُونَ بِهَا وَلَهُمْ آذَانٌ لَا يَسْمَعُونَ بِهَا أُولَئِكَ كَالْأَنْعَامِ بَلْ هُمْ أَضَلُّ أُولَئِكَ هُمُ الْغَافِلُونَ
« Et déjà Nous avons Atomisé, pour la géhenne, beaucoup des gènes et des humains ; pour eux des cœurs, ils n’instruisent point par eux (avec), et pour eux des yeux, ils ne regardent point par eux (avec), et pour eux des oreilles, ils n’entendent point par elles (avec) ; ceux-là sont comme les troupeaux, plutôt ils sont plus-égarés ; ceux-là sont les distraits »
Je saisis l’opportunité de la citation de ce verset pour rappeler que “al-jân” / الجان / “le djinn” est en fait le gène qui, étymologiquement, en français comme en arabe, signifie : race, genre, espèce.
Revenons au sujet du jour, pour le musulman qui sait, seul le Qorân est révélation de Dieu, donc Sacré ; le reste n’est que composition des humains, donc faillible.
Le Qorân affirme clairement la liberté de conscience et d’expression, je dirais même la liberté tout court. Ainsi, lorsque Dieu Annonça aux anges qu’Il allait former un successeur “à ce qui a précédé” sur la terre, dans le verset 30 du chapitre 2, ceux-ci rétorquèrent alors :
قَالُوا أَتَجْعَلُ فِيهَا مَنْ يُفْسِدُ فِيهَا وَيَسْفِكُ الدِّمَاءَ
« … ils ont dit : “Formes-Tu en elle qui corrompt en elle et répand les sangs ? … ».
Dieu ! Loin de leur reprocher cette réflexion, leur Répond et Argumente Sa Décision :
قَالَ إِنِّي أَعْلَمُ مَا لَا تَعْلَمُونَ
« … Il a Dit : “Certes Je Sais ce que vous ne savez point” »
Plus encore, dans le Qorân, il est même permis au diable de désobéir à Dieu, de justifier sa désobéissance et de faire le mal “à ses risques et périls” évidemment.
Au verset 99 du chapitre 10, nous lisons :
وَلَوْ شَاءَ رَبُّكَ لَآمَنَ مَنْ فِي الْأَرْضِ كُلُّهُمْ جَمِيعًا أَفَأَنْتَ تُكْرِهُ النَّاسَ حَتَّى يَكُونُوا مُؤْمِنِينَ
« Et si Ton Maître avait Disposé, assurément aurait assuré (cru) quiconque en la terre, tous ensemble ; est-ce qu’alors toi ! tu contrains les gens jusqu’à ce qu’ils soient assurants (croyants) ? »
Pour quiconque réfléchit, tout est dit, au sujet de la liberté, dans ce que je viens d’énoncer. L’ensemble du Qorân illustre, à travers nombre d’exemples, la liberté de conscience et d’expression.
L’idéal de liberté n’est pas le propre de l’homo occidentalis mais celui de la nature humaine ; le mot liberté a été clamé, tout au long de l’histoire de l’humanité, par tous les opprimés, de toutes les nations, sur toute la terre.
L’universalité de ce noble mot a été consacrée, à l’époque contemporaine, par la lutte des peuples colonisés, dépouillés et asservis ; la liberté est inhérente à l’évolution et à l’accomplissement de l’humanité.
Malheureusement, les derniers pays à avoir aboli l’esclavage étaient dits “musulmans”, en contradiction totale avec les préceptes du Qorân et la conduite du Prophète incitant à l’affranchissement des esclaves.
Au cœur de l’Islâm, comme d’autres encore, le verset 177 du chapitre 2 :
لَيْسَ الْبِرَّ أَنْ تُوَلُّوا وُجُوهَكُمْ قِبَلَ الْمَشْرِقِ وَالْمَغْرِبِ وَلَكِنَّ الْبِرَّ مَنْ آمَنَ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ وَالْمَلَائِكَةِ وَالْكِتَابِ وَالنَّبِيِّينَ وَآتَى الْمَالَ عَلَى حُبِّهِ ذَوِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينَ وَابْنَ السَّبِيلِ وَالسَّائِلِينَ وَفِي الرِّقَابِ وَأَقَامَ الصَّلَاةَ وَآتَى الزَّكَاةَ وَالْمُوفُونَ بِعَهْدِهِمْ إِذَا عَاهَدُوا وَالصَّابِرِينَ فِي الْبَأْسَاءِ وَالضَّرَّاءِ وَحِينَ الْبَأْسِ أُولَئِكَ الَّذِينَ صَدَقُوا وَأُولَئِكَ هُمُ الْمُتَّقُونَ
« La piété n’est point que vous tourniez vos faces avancées à l’orient (la splendeur) et l’occident (la ternissure) ; mais la piété est [propre à] quiconque a assuré (cru) par Dieu et le jour dernier [l’au-delà] et les anges (possesseurs) et l’Écrit et les annonciateurs (prophètes), et a rapporté l’avoir, sur son amour, aux proches et aux orphelins (privés) et aux pauvres et au chemineau et aux quêteurs et en les nuques [l’affranchissement des esclaves], et a adressé le jointoiement (prière) et rapporté l’épuratoire (l’impôt-sacré) ; et les parachevants par leur engagement quand ils se sont engagés, et les patients en la rudesse et la nuisance et le moment de la dureté ; ceux-là sont ceux qui ont été crédibles, et ceux-là sont les prémunissants »
Cette fois-ci, je saisis l’opportunité de ce verset, qui cite l’impôt-sacré, pour rappeler qu’en langue arabe, le mot “al-zakât” / الزّكاة désigne tout ce qui croît et qui s’épure et épure par son développement ; il désigne également l’élan de rapporter une partie de tout bien acquis à des ayants droit et/ou à ceux dans le besoin. C’est l’impôt sacré, que je traduis par “l’épuratoire”.
Louange à Dieu Maître des mondes.
والحمد لله رب العالمين

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